Sénégal : plaidoyer sur le traitement médiatique régulier des questions environnementales 

Les sujets sur l’environnement et les questions climatiques sont souvent le parent pauvre du traitement de l’information dans les rédactions africaines francophones. Au Sénégal, en tout cas, peu de journalistes sont spécialisés sur la question. À l’heure où la conférence sur le climat (COP 29) se tient en Azerbaïdjan, une COP locale a été initiée ce mercredi (20.11.24) à Dakar. L’objectif est de promouvoir les journalistes pour le maintien d’une couverture régulière des questions environnementales. 

Initié par le directeur exécutif de Teranga Lab, une fabrique citoyenne et écologique basée à Dakar, cet atelier s’est voulu un rendez-vous d’échanges entre journalistes intéressés par les questions climatiques et points focaux, négociateurs présents à Bakou pour la conférence sur le climat.

Pour Alexandre Lette, la rencontre vise surtout à susciter l’intérêt des journalistes sur les questions climatiques. Ces sujets font rarement l’objet de couvertures médiatiques, ou c’est lorsqu’il s’agit de catastrophes naturelles, comme  c’est arrivé récemment avec la crue du fleuve au nord du Sénégal. Et pourtant, le dérèglement climatique concerne bien plus d’autres aspects ou a des répercussions assez transversales qui concernent autant la culture que la perte du patrimoine pour le directeur exécutif de Teranga Lab.

Le Sénégal fait partie des pays vulnérables qui ont besoin de financement pour l’adaptation au changement climatique, selon Youssouf Bodian, journaliste et président de l’Association des journalistes pour la transparence dans les ressources extractives et la préservation de l’environnement (Ajtrep).

C’est ce qui explique la question du financement, principal enjeu pour le Sénégal qui est obligé de puiser dans son budget déjà faible afin de résoudre des problèmes tels que les inondations ou l’érosion côtière, ajoute son président.

Questions climatiques et traitement médiatique

Dans les rédactions d’Afrique francophone, la politique, le sport ou encore l’éducation occupent souvent une grande part dans l’information. Là où la question environnementale est reléguée au second plan. Toutefois, il est possible d’y remédier.

Le relais de l’information aux communautés

La vulgarisation reste la méthode la mieux adaptée pour faire comprendre les questions environnementales au grand public, et tel doit être le rôle du journaliste pour Youssouf Bodian. D’ailleurs, c’est l’objectif de l’association qu’il dirige qui est celui d’encourager les journalistes à traiter de manière régulière des sujets liés à l’environnement.

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« Essayer d’intéresser le maximum de journalistes à ces questions cruciales telles que le réchauffement climatique ou des termes liés sont des questions qui semblent lointaines », ajoute le journaliste, dit-il.

C’est pourquoi le plaidoyer doit porter sur l’importance d’outiller les reporters de sorte qu’ils puissent le faire comprendre aux populations qui vivent dans les contrées les plus reculées, une manière de rendre accessible la compréhension des questions climatiques, dit-il. Pris sous cet angle et mettant l’humain au centre des récits, ce serait un bon moyen de montrer l’impact des effets des changements climatiques et, dans une certaine mesure, de toucher le public.

Pour sa part, Pape Ibrahima Ndiaye pense que si le financement reste une question d’envergure sur le sujet, la formation joue un rôle crucial, notamment avec la qualité des productions, un moyen d’accrocher la curiosité du public.

« Les COP ne servent à rien », c’est la phrase qui revient souvent, dit le journaliste spécialisé en question environnementale.

Mais ce dernier pense qu’il est du devoir du journaliste de faire le suivi local des enjeux à grande échelle tels que les bénéfices ou les enjeux des questions climatiques comme celle de la COP. Le seul bémol est le manque d’accompagnement des rédactions, qui ne doit toutefois pas limiter pour autant le journaliste guidé par le traitement de la question. Celui-ci de renseigner que les partenaires financent en général leurs productions ou sont ceux qui participent à leurs prises en charge lors des rencontres comme la COP.

Ouverte le 11 novembre et devant prendre fin ce vendredi, la COP 29 fixée cette année sur la finance climatique est loin d’apporter les réalisations escomptées. Beaucoup de divergences autour des négociations laissent plutôt penser à une prolongation qui ne serait pas une nouveauté.

Par ailleurs, pour une couverture médiatique l’année dernière à Dubaï de 3700 journalistes présents, le nombre a baissé à Bakou pour cette 29e édition.

Un constat qui prouve la problématique de la sous-effectivité des journalistes spécialisés en environnement dans les rédactions, en particulier celles africaines francophones.

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