Après la prestation de serment de Faure Gnassingbé ce samedi, qui le consacre comme Président du Conseil des ministres, une centaine d’opposants se sont insurgés dimanche 4 mai pour dénoncer une dérive monarchique.
« Non à la 5ᵉ République » ou « le peuple togolais dit NON à une Constitution impopulaire, illégale et illégitime » lisait-on sur les pancartes dressées par les deux principaux partis d’opposition, l’ANC et le FDR, mais aussi par différentes organisations de la société civile.
Ces derniers parlent de simulacre d’élections et d’un basculement autoritaire. Au pouvoir depuis 2005 à la suite du décès de son père, Faure Gnassingbé occupe dorénavant la plus haute fonction du pouvoir exécutif. Ce, après une réforme constitutionnelle promulguée le 6 mai 2024 qui a été vivement critiquée par l’opposition. En effet, selon cette réforme, la fonction de président de la République devient honorifique, puisque le président du Conseil des ministres est le chef du parti majoritaire à l’Assemblée nationale.
Actuellement, c’est ni plus ni moins Faure Gnassingbé, à la tête du Togo depuis 2005, qui avait pourtant la possibilité de se représenter une dernière fois en 2025. Pour ses détracteurs, cette nouvelle fonction sans limitation de mandat est « une instrumentalisation des institutions et une élimination systématique de toute alternative démocratique ». Mais pour les autorités togolaises, il s’agit au contraire de dépersonnalisation du pouvoir, d’autant plus que son père a dirigé le pays pendant près de trente-huit ans sans partage.
Aussi, la mobilisation de ce dimanche de l’opposition a dénoncé l’élection d’une ancienne figure de l’opposition devenue il y a quelques années ministre. Il s’agit de Jean Lucien Savi de Tové, élu président de la République. Son élection marque la fin de la 4ᵉ République et l’avènement de la 5ᵉ qui instaure un régime parlementaire où le président est élu pour un mandat de quatre ans renouvelable une seule fois. Pour le président du FDR Paul Dodji Apévon, Faure Gnassingbé s’amuse avec les institutions du pays, ce qui est inacceptable.
Rappelons que son parti, l’Union pour la République (UNIR), a, lors des dernières élections législatives d’avril 2024, remporté 108 sur les 113 sièges. Il a ainsi raflé 34 des 41 sièges de sénateurs. Ce qui le place, lui, Faure, aux destinées du Togo pour les six prochaines années, pour bon nombre d’observateurs. Mais plusieurs partis d’opposition ont décidé d’aller aux élections municipales, les troisièmes depuis 1960 qui se tiendront le 10 juillet prochain.