Entre coups d’État militaires, terrorisme, conflits armés, Insécurité alimentaire, le Sahel fait face à plusieurs fléaux qui le maintiennent dans l’instabilité. Pourtant, en dépit de troubles, la zone reste très convoitée notamment par certaines puissances occidentales.
Le Sahel jouit d’un grand potentiel d’énergies renouvelables et abrite certains des plus grands aquifères du continent. Potentiellement, l’une des régions les plus riches au monde avec d’abondantes ressources humaines, culturelles et naturelles, offrant un énorme potentiel de croissance rapide. En raison de conflits et du terrorisme, la région peine à se développer mais attire les convoitises.
Le Sahel s’étend de la Mauritanie jusqu’au nord du Tchad et au Soudan, en passant par le Mali, le Burkina Faso, le Niger. Des enjeux géostratégiques se présentent pour des puissances comme les États-Unis, la France ou encore la Russie qui cherchent à s’imposer ou à étendre leur présence.
« L’intérêt est géostratégique, mais la France et les États-Unis ne sont pas dans un antagonisme. Non. L’antagonisme se trouverait plutôt entre la France et la Russie ou les États-Unis et la Russie. Il y a l’intérêt qui va au-delà du Tchad, qui cherche aussi à avoir un regard et une position extérieure ou avancée des forces américaines en Afrique pour couvrir l’ensemble du Sahel et du Sahara », analyse Dr Ahmed Diémé, spécialiste du Sahel.
Ce maillage géostratégique qui va de la bande saharo-sahalienne jusqu’au Soudan en continuant jusqu’en Somalie et Djibouti, etc.
Selon l’analyste, les États-Unis tiennent à gérer cette configuration géostratégique et ils ont l’avantage depuis plusieurs années dans le cadre de la surveillance et du regard qu’il faut jeter sur cette partie du monde.
« Les intérêts géostratégiques, ça relève de l’OTAN puisque c’est Africom, basé en Allemagne, qui s’en occupe. D’où l’implication de l’Allemagne dans le dispositif des forces américaines dans le Sahel. Il faut aussi signaler que ces intérêts géostratégiques des États-Unis sont en ligne avec le besoin que l’OTAN a d’avoir le contrôle de la Méditerranée parce que ce qu’on oublie très souvent, c’est qu’en termes géographiques, le Sahel et toute cette région là, à part le tampon qui est le Maghreb, est très proche de l’Europe », explique-t-il.
Le contrôle de la Méditerranée explique entre autres l’intérêt géostratégique tellement vital de l’Occident et de l’OTAN, notamment à avoir une présence militaire, une couverture satellitaire. Avec le retrait du Niger, on voit de plus en plus le besoin de s’installer dans les zones qui sont très proches du Sahel, de la bande sahelo-saharienne (Tchad, Côte d’Ivoire, Ghana, Sénégal…).
Le Niger est stratégique pour deux raisons, soutient le journaliste Thomas Dietrich.
« La première, c’est qu’on l’avait utilisé un peu comme frontière extérieure de l’union européenne en finançant plein de projets au Niger pour qu’ils arrêtent les migrants qui étaient en partance pour l’Europe, passaient par le Niger et traversaient le Sahara et qui partaient par la Méditerranée », avance cet habitué du Sahel.
La raison est aussi économique, d’après Dietrich, il y a la question de l’uranium qui est stratégique pour la France parce que l’entreprise publique Orano, ex Areva a exploité l’uranium du Niger. Alors, c’est un peu moins stratégique pour la France qu’à une certaine époque, mais il n’en reste pas moins que ça représente en moyenne 20% de l’approvisionnement en Uranium français qui extrait au Niger. C’est vrai que Orano a diversifié ses sources d’approvisionnement, elle est maintenant en Mongolie et au Kazakhstan mais le Niger reste quand même stratégique.
A.K Coulibaly