Moussa Théa décline son projet pour le Syli national de Guinée

Moussa Théa décline son projet pour le Syli national de Guinée

Ancien joueur du Syli national, Moussa Théa a été formé dès mon plus jeune âge à Saint-Étienne, puis il poursuivi à Bastia, avant de revenir en Guinée. Une blessure au genou a mis fin prématurément à sa carrière de joueur. Ce qui l’a  naturellement orienté vers le coaching. Depuis 2013, il est titulaire d’une licence professionnelle d’entraîneur. Portrait.

Après 2014, j’aurais pu passer directement le diplôme UEFA A, mais j’ai préféré approfondir mes connaissances en suivant une licence en coaching management. J’y ai étudié toutes les dimensions du métier : la performance, la psychologie, la nutrition, la gestion humaine… tout ce qui entoure le football de haut niveau. À l’issue de ces trois années, j’ai intégré le club de Liverpool en 2022, où je travaille sur différents projets, en Angleterre et à l’international.

Depuis deux ans, je poursuivais un master en sciences du sports et performance à l’université Sainte-Marie de Londres, en partenariat avec Chelsea et Fulham. En parallèle, j’ai décidé de poser une nouvelle candidature pour le poste de sélectionneur de la Guinée. Je veux rendre à mon pays ce qu’il m’a donné, en partageant mon expérience et ma vision du football.

Mon  projet pour l’équipe nationale

Avant tout, redonner une identité claire au football guinéen. Notre peuple aime profondément ce sport, mais il y a souvent un décalage entre nos aspirations et la réalité du terrain. Oui, nous avons des joueurs professionnels, mais peu d’entre eux évoluent au plus haut niveau, dans des compétitions comme la League des champions ou les grands championnats.

Ce manque vient, selon moi, d’un déficit structurel dans la formation. Fort de mes 17 années d’expérience, je sais comment construire un projet de jeu, structurer une formation cohérente, et poser les bases solides d’un football compétitif.

J’ajoute à cela ma connaissance du terrain guinéen : je parle quatre langues nationales, ce qui me permet de communiquer sans barrière avec les joueurs. Beaucoup ont du mal à exprimer leurs ressentis ou besoins en français ou d’autres langues étrangères. Pouvoir les comprendre dans leur langue, c’est essentiel pour instaurer un climat de confiance, pour les valoriser et renforcer le professionnalisme.

Sur la situation actuelle des joueurs guinéens

On cite souvent Sérhou Guirassy, et c’est légitime : il est aujourd’hui l’un des meilleurs attaquants africains et mondial Mais une équipe, c’est 23 joueurs. Et si on regarde bien, seuls 8 à 10 joueurs de notre effectif évoluent en première division. Ce n’est pas suffisant pour un pays aussi talentueux que la Guinée.

Mon objectif est de réduire cet écart de niveau entre nos meilleurs joueurs et le reste du groupe. Pour cela, il faut structurer le passage de l’amateurisme au professionnalisme, et créer une continuité dans nos performances. Trop souvent, on réalise un bon match… puis plus rien au troisième ou quatrième. Cela montre un manque de constance, symptomatique d’un déficit de formation.

Le vrai problème : la formation de base

Oui, le problème est structurel. On utilise les binationaux, c’est bien, mais cela ne suffit pas. Il faut former nos propres joueurs en Guinée, dès le plus jeune âge. Et avec les règles FIFA qui empêchent les transferts avant 18 ans, cela devient une nécessité.

Aujourd’hui, les grands clubs guinéens ne produisent pas régulièrement des joueurs professionnels. On voit ce que fait dans la sous région ex: le Sénégal ou la Côte d’Ivoire des talents qui partent chaque année en Europe. Il faut mettre en place une véritable structure locale, pour que, chaque année, 1 ou 2 jeunes joueurs formés localement atteignent le haut niveau.

Pourquoi ça n’a pas marché la première fois ?

La première fois que j’ai postulé, le CONOR avait, je pense, déjà fait le choix de privilégier la continuité. Cela se comprend, mais il aurait été plus juste de recevoir tous les candidats, ne serait-ce que pour écouter leurs idées et peut-être en tirer des éléments utiles, même si ce n’était pas pour les retenir.

Je l’ai toujours dit : quand on se présente pour servir son pays, on ne perd jamais. On apprend toujours.

Le vrai problème du football guinéen, c’est qu’on remplace les entraîneurs sans régler les causes profondes. Il faut une continuité dans le projet. Il est essentiel de bâtir sur les acquis, de faire un bilan de ce qui a marché ou échoué avec le précédent sélectionneur (Kaba Diawara), d’analyser les données, de s’appuyer sur les statistiques et les performances des joueurs. Sinon, on retombe toujours dans l’éternel recommencement.

Sur l’absence de la Guinée à la CAN 2025

C’est un échec douloureux, mais il doit servir de déclencheur. Il faut qu’on s’assoie tous ensemble joueurs, entraîneurs, dirigeants, journalistes, bénévoles  pour faire un vrai bilan et se poser les bonnes questions :

Qu’est-ce qu’on veut ? Où allons-nous ? Qu’est-ce qui bloque ?

Depuis 1962, la Guinée est membre de la FIFA, et des pays bien plus récents nous devancent aujourd’hui. Cela doit nous faire réagir collectivement, au-delà des personnes, des egos ou des postes.

Ma conviction est claire : peu importe le sélectionneur choisi, du moment qu’il est compétent, qu’il aime le pays et qu’il agit avec professionnalisme, c’est la Guinée qui doit gagner. Et chacun de nous a un rôle à jouer dans cette réussite.

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