Le président de la transition guinéenne est invité à Paris à l’occasion des Jeux Olympiques prévus au mois de juillet, selon des médias locaux guinéens. Cette invitation du président français survient au lendemain de la visite en Guinée, de Serguei Lavrov, ministre des affaires étrangères russe.
L’acte d’invitation remet au goût du jour la proximité entre le régime militaire incarné par le général de brigade Mamadi Doumboya, pour certains. Pour d’autres, cette invitation est tout simplement normal dans la mesure où tous les pays du monde devraient être conviés à cette grande fête du sport.
« Ordinairement lorsqu’un pays organise les jeux olympiques, il invite tous les pays du monde parce que ça reste une activité sportive des plus grandes en termes de disciplines », explique l’analyste politique Kabinet Fofana.
Celui-ci estime que cette invitation de la France n’a aucun lien avec la visite de Serguei Lavrov. Mais faut-il y voir tout de même une guerre de positionnement en raison des réactions suscitées en Guinée.
Non, tranche Kabinet Fofana. Le politologue guinéen pense plutôt que le sport est un élément de persuasion au service de la diplomatie. Selon lui, il n y a aucun lien concurrentiel entre la France et la Russie.
« Maintenant tout semble évident que la France est plus ou moins compréhensive vis-à-vis du gouvernement actuel guinéen. La coopération bilatérale entre les deux pays a repris et cela peut se matérialiser par la construction de quatre hôpitaux régionaux à Conakry, le financement du développement de la radiotélévision de Guinée, 60 millions d’euros vont être injectés. Cela prouve que les relations entre la France et la Guinée sont au beau fixe malgré qu’il y ait un régime militaire », explique M.Fofana.
Cependant, la journaliste et analyste politique guinénne, Aissatou Baldé ne voit pas les choses de la même manière.
« À travers cette invitation, on ne peut plus balayer d’un revers de la main l’argument selon lequel l’ancien légionnaire français Mamadi Doumbouya n’est pas le chouchou de la Françafrique. Il est désormais plus que jamais clair que le dictateur guinéen veut être à l’image de Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire, le nouveau pion de l’administration française et du patronat français en Guinée », déclare Mme Baldé.
Selon l’analyste politique guinénne, l’invitation du putschiste Mamadi Doumbouya par Emmanuel Macron, « premier garant du système criminel Françafrique et soutien des dictatures sur le continent, comptables de tueries, de corruption, de la défiguration de la démocratie, de perte de revenus, de l’immigration mortelle, de la création des Républiques héréditaires comme au Togo, au Tchadetc », prouve que la déclaration universelle des droits de l’homme qui existe depuis plus de 70 ans, n’est valable que pour les « civilisés” qui évitent la guerre chez eux et se serrent les coudes dans la mise au pas des “barbares“.
« L’invitation de Doumbouya par la France a fait tomber le masque de la nouvelle figure de la mafia Françafrique », selon Aissatou Baldé, qui estime que cette invitation « dévoile lentement mais sûrement l’allégeance du président de la transition guinéenne au système mafieux et criminel pour exploiter l’Afrique. »
Toujours selon l’’analyste politique, le putschiste guinéen (Mamadi Doumbouya) veut tellement être le chouchou de la Françafrique qu’il avait en août 2022, distingué quatre officiers français.
« Pour marquer son allégeance à la vision néo-impériale du président français, tous les moyens sont bons. Car il sait que pour réussir son glissement vers l’autoritarisme, il a besoin de la main tendue de l’Etat français. Tous les ingrédients sont aujourd’hui réunis pour empêcher que la Guinée ne revienne sur la trajectoire qu’il semble inexorablement emprunter », insiste-t-elle.
Il reste maintenant à savoir si Mamadi Doumbouya va répondre à l’invitation de la France.
Dans un entretien accordé à un media guinéen, le ministre guinéen des Sport, Kéamou Bogola Haba a fait savoir que l’invitation adressé par Paris est co-signée entre l’État guinéen et l’organisateur des Jeux Olympiques.
Le ministre confirme avoir reçu la lettre du Président Macron mais aussi du président du Comité international olympique (CIO).