Vital Kamerhe a finalement démissionné sous une pression politique intense. Il faisait face à de graves accusations, notamment de gestion opaque, de dilapidation budgétaire, de non-respect du règlement intérieur, et de suspension abusive des soins médicaux pour les députés et leurs familles. Les menaces de destitution qui pesaient sur lui rendaient sa position intenable. De Kabila à Tshisekedi, l’homme est au cœur de la politique en Rdc. Ce, depuis les soleils des indépendances. Jadis aimé et même adulé, l’ancien président de l’Assemblée nationale congolaise est aujourd’hui acculé. Fin stratège, il a anticipé la chute. La fin d’une ère ?
Un retour politique de courte durée
Vital Kamerhe avait fait un retour remarqué sur la scène politique en mars 2023, lorsque le président Félix Tshisekedi l’avait nommé vice-Premier ministre, chargé de l’Économie nationale. Il avait ensuite signé la charte de l’Union sacrée, s’engageant à soutenir le chef de l’État pour l’élection présidentielle de décembre.
Cependant, il a rapidement vu son siège de président de l’Assemblée vaciller. Une commission spéciale, présidée par le député Peter Kazadi et composée de 22 membres, avait été mise en place pour examiner plusieurs pétitions. Elles ciblaient non seulement Vital Kamerhe, mais aussi quatre autres membres du bureau de l’Assemblée : Jacques Djoli, Dominique Munongo, Chimène Polipoli et Grâce Neema.
Un passé marqué par les accusations
Vital Kamerhe Lwa Kanyiginyi Nkingi, économiste et homme d’État, a toujours occupé des postes clés en République démocratique du Congo, aux côtés de Joseph Kabila puis de Félix Tshisekedi. Il a été vice-Premier ministre, ministre de l’Économie et directeur de cabinet du président Tshisekedi. Depuis mai 2023, il occupait le poste de président de l’Assemblée nationale.
Son parcours est néanmoins entaché. Le président de l’Union pour la nation congolaise a été reconnu coupable d’avoir détourné 50 millions de dollars destinés à la construction de logements pour les militaires et les policiers. Condamné à vingt ans de prison en juin 2020, il a finalement été libéré en juin 2022.
Une démission pour éviter l’humiliation
Le lundi 22 septembre 2025, alors que l’Assemblée s’apprêtait à examiner le rapport de la commission Kazadi, Vital Kamerhe a pris de court ses adversaires en déposant sa démission. Selon un député proche du dossier, il a « préféré quitter la table avant toute humiliation ». Cette décision lui a permis d’éviter un vote de destitution qui aurait nécessité la majorité absolue des 251 voix sur les 500 députés.
La séance plénière, convoquée par le premier vice-président Isaac Tshilumbayi, s’est déroulée dans une atmosphère tendue. Isaac Tshilumbayi assure désormais l’intérim à la tête de la Chambre basse en attendant l’élection d’un nouveau bureau.