La tension est montée d’un cran ce mardi 28 janvier à Goma, dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). De fortes détonations et des échanges de tirs ont réveillé la population après une nuit relativement calme. En parallèle, plusieurs ambassades étrangères ont été prises pour cible à Kinshasa, dans un contexte de colère populaire face à la guerre qui ravage le Nord-Kivu.
À Kinshasa, des manifestants ont attaqué plusieurs ambassades étrangères, notamment celles du Rwanda, de France, de Belgique et des États-Unis, dénonçant leur inaction ou implication supposée dans le conflit qui oppose l’armée congolaise au groupe rebelle M23. Par ailleurs, des pillages et un incendie ont été signalés dans les bureaux de l’ancienne ambassade du Rwanda, actuellement fermée.
Ces violences interviennent alors que les combats entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les rebelles du M23, soutenus par des troupes rwandaises, ont causé au moins 17 morts et 367 blessés au cours des deux derniers jours, selon plusieurs hôpitaux de la région.
La situation en RDC a eu des répercussions diplomatiques immédiates. L’Allemagne a suspendu ses discussions avec le Rwanda sur l’aide au développement, exigeant le retrait des troupes rwandaises et du M23 du territoire congolais. « Les discussions sur la coopération et l’aide au développement ne pourront reprendre que lorsque le Rwanda et le M23 auront mis fin à l’escalade et se seront retirés de l’est de la RDC », a déclaré le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères. Le nouveau secrétaire d’État américain a également déploré cette situation en rappelant la nécessité de respecter la souveraineté territoriale de la RDC, lors d’un entretien téléphonique qu’il a eu avec le président de la RDC.
À Goma, les activités sont quasi paralysées. La circulation était très limitée dans la matinée, alors que la population demeure en état d’alerte face à la montée des violences.
À Kinshasa, le pays attend une prise de parole imminente du président Félix Tshisekedi. Cette déclaration interviendrait après celle du président de l’Assemblée nationale la veille, qui avait appelé à une réaction ferme contre l’agression étrangère.
Face à l’escalade des tensions, le Conseil de sécurité des Nations unies a convoqué une réunion d’urgence dans l’après-midi. Cette session fait suite à une première réunion tenue dimanche, au cours de laquelle le gouvernement congolais avait critiqué une déclaration jugée “vague”, ne demandant pas explicitement au Rwanda de se retirer du sol congolais.
Crise humanitaire inquiétante
L’Union africaine (UA) a également annoncé une session d’urgence de son Conseil de paix et de sécurité pour tenter de trouver une solution. Par ailleurs, un sommet extraordinaire de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC) se tiendra mercredi 29 janvier, avec la participation confirmée des présidents rwandais et congolais, sous l’égide du président kényan, actuel président en exercice de l’organisation.
Les violences en cours ont exacerbé une situation humanitaire déjà catastrophique dans l’est de la RDC. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 500 000 personnes ont été déplacées rien qu’au mois de janvier, dans une région où les conflits récurrents sont amplifiés par la présence de richesses naturelles convoitées.
Alors que la crise s’intensifie, les appels à une désescalade et à une solution diplomatique se multiplient, mais la situation reste volatile et incertaine.