Plus de 50 partis politiques suspendus en Guinée

Plus de 50 partis politiques suspendus en Guinée

Le ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) a publié ce mardi (29.10.24), le rapport d’évaluation des partis politiques au compte de l’année 2024. Parmi les 211 partis recensés, 54 sont suspendus, 53 dissous et 67 mis sous observation.

Au nombre des partis politiques suspendus, figure le Parti démocratique de Guinée (PDG-RDA) du premier président de la Guinée indépendante, Ahmed Sékou Touré. La publication de la liste a provoqué diverses réactions au sein des formations politiques.

Rafiou Sow, président du parti du Renouveau et du Progrès et membre de l’ANAD, estime que le document présenté par le ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation est erroné. Il accuse les autorités de la Transition de vouloir écraser les partis politiques en les réduisant au silence.

« C’est une façon de dissuader les partis politiques, de les empêcher de fonctionner correctement ». Notre parti a été mis sous observation pour une durée de trois mois, comme d’autres partis politiques. Et cela, nous le dénonçons, nous pensons qu’on aurait dû s’asseoir ensemble, discuter des questions et en fonction de la charte des partis politiques. Mais qu’on nous impose des décisions (…), alors qu’il n’y a pas même un baromètre pour évaluer les partis politiques », dit Rafiou Sow, président du PRP.

Pour Joachim Baba Millimono de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), « la restitution des résultats est une démarche toute noble ».

Celui-ci ajoute toutefois que : « À l’UFDG, nous avons toujours dit que c’est dans l’ordre normal des choses que le MATD évalue les entités dont il a la charge ».

M. Millimono insiste sur le fait que le parti dont Cellou Dalein Diallo est le leader « n’a pas encore examiné le document en profondeur. La synthèse qui a été présentée, pour l’instant, je ne saurai dire si elle est satisfaisante ou pas », a-t-il insisté.

Par ailleurs, « je suis surpris que ce soit sept exigences qu’on nous reproche aujourd’hui de n’avoir pas satisfaites ». Puisque nous avons trois mois pour corriger toutes les anomalies, il faut se satisfaire de la démarche, a fait remarquer Joachim Baba Millimono.

Pour sa part, Dr Ousmane Kaba, président du Parti PADES, estime que « c’est une bonne chose ».

« Nous avons partagé la méthodologie de cette évaluation des partis politiques ». Je suis sûr que les partis politiques auront beaucoup de choses à dire. Nous avons écouté le ministre qui est à mon avis de bonne foi et qui a vraiment envie d’avoir de bonnes relations avec les partis politiques. Il est trop tôt pour savoir comment le classement a été fait. Je crois qu’il faut être patient pour voir les critères d’évaluation (…) », a confié le président du parti PADES.

Pour Mme Camara Djénab Touré, directrice nationale des affaires politiques et de l’administration électorale, la présentation du rapport d’évaluation final des partis politiques « a pour objectif d’assainir l’espace politique ».

Quant au ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, Ibrahima Kalil Condé, a déclaré : « Il est de notre devoir collectif de prendre acte des conclusions de cette évaluation, de nous approprier des directives et des mesures collectives à prendre. Que chacun ait une amélioration continue de sa politique, de notre cadre de gestion politique pour qu’il soit en phase avec les exigences de notre peuple et les aspirations de notre peuple. Cet exercice républicain sera désormais un processus régulier qui va permettre à chaque parti politique d’être une association à but politique et non une entreprise personnelle pour le leader et le patron qui recrute et qui paye et qui sanctionne en fonction de la tête. Notre objectif commun est d’assainir notre espace politique en vue de permettre une compétition électorale juste et équitable, a-t-il conclu.

Mais alors qu’une possibilité de voir l’actuel président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, se porter candidat aux futures échéances électorales n’est pas écartée, de nombreux citoyens suspectent des objectifs cachés derrière l’évaluation des partis en cette période.

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