Crimes, meurtres, agressions : Dakar et sa banlieue sont le théâtre, depuis quelques semaines, de scènes de tueries qui effraient ses habitants. La dernière en date qui a défrayé la chronique est le double meurtre d’un célèbre danseur et de son colocataire dans la banlieue dakaroise.
Le meurtre d’Aziz Dabala et de son protégé a fait les gros titres des médias. Les corps sans vie des deux ont été retrouvés mardi (20.08.24) dans l’appartement de l’une des victimes. Une horrible découverte qui a mis sous le choc de nombreux citoyens de la capitale. Un tour dans différents quartiers donne un aperçu de la barbarie qui a atteint un niveau inquiétant, selon plusieurs citoyens.
En effet, depuis cette effroyable découverte, il ne se passe pas un jour sans qu’un cas de meurtres, d’agression ou de vol à main armée ne fasse la Une de la presse.
Sur les réseaux sociaux et sur la place publique, l’incompréhension est aussi totale face à cette violence qui s’est installée dans la ville et ses environs.
Dans le quartier de la Zone B à Dakar, Abdou, un boucher, affirme ne plus comprendre ces actes ignobles commis par des citoyens sénégalais.
Hache et couteau à la main, il s’active à couper la viande devant cinq clients venus s’approvisionner auprès de lui.
« Je ne sais ce que les gens ont dans la tête lorsqu’ils commettent ces actes. Comment est-ce qu’on peut tuer avec un tel sang-froid. Je ne reconnais plus le Sénégalais. »
Arame Ndiaye pense la même chose pointant du doigt un problème d’insécurité. Selon elle, les agressions se passent dorénavant en plein jour.
À notre micro, elle révèle que pas plus tard que vendredi dernier, un individu a volé une moto stationnée devant une maison dont le propriétaire n’avait que ses yeux pour pleurer.
Pour sa part, Arame témoin des faits n’a pu rien faire :
« Aujourd’hui, si vous intervenez même, on vous tue et c’est vous ou votre famille qui en pâtirez. » C’est vraiment déplorable. Il faut que l’État, garant de la sécurité publique, sévisse ».
Quelques jours avant ce double meurtre, à Thiès, un jeune a été mortellement agressé par un individu aux environs de 6 h du matin le (15.08.24).
L’assaillant présumé, après son forfait commis, est allé se réfugier dans une maison. D’après les commentaires, il venait juste d’être élargi de prison.
Furieux, des membres de la famille de la victime l’ont poursuivi et presque battu à mort avant de le brûler vif.
À la Médina, un populeux quartier de Dakar, Massamba assis dans une boutique de coin, dit être exaspéré par ces meurtres à répétition.
La drogue qui circule aussi en est la cause car les jeunes se droguent avant de commettre ces violences, dit-il. Massamba affirme que c’est la loi du Talion qui risque d’être appliqué si la situation persiste. « L’État n’a qu’à prendre ses responsabilités », ajoute-t-il, une tasse de café à la main.
La terreur a atteint son paroxysme. Tout porte à le croire, nous dit Lamine qui avoue avoir subi une agression. « Il fallait voir le couteau qu’ils ont sorti. » Je n’ai jamais vu un modèle pareil. La quarantaine, il affirme leur avoir remis son téléphone mobile. Au cas contraire, ils l’auraient tout bonnement tué.
La dernière en date s’est passée jeudi (29.08.24), toujours dans la banlieue, à Guediawaye. Un convoyeur de fonds, Amadou Oury Diallo, a été victime d’une violente agression dans sa chambre. Un homme encagoulé l’a suivi jusqu’à son domicile pour le dépouiller. L’agresseur a tiré un coup de feu qui a touché le thorax de sa victime après avoir malmené l’épouse de celui-ci. Heureusement qu’il y a eu plus de peur que de mal. Admis aux urgences, la balle a été extraite.
Des actes qui s’enchaînent et qui ont fini par installer la psychose chez les citoyens qui n’osent plus sortir à certaines heures.
Interpellé, le ministre de l’Intérieur a précisé que 16 meurtres ont été commis entre juillet et août. Une situation préoccupante marquée par une montée des agressions dans les villes que déplore Jean-Baptiste Tine.
Face à cette insécurité grandissante, le ministre a tenu à rassurer la population sénégalaise sur le fait que les autorités sont déterminées à assurer leur sécurité. Des instructions sont données pour intensifier la présence des forces de l’ordre sur le terrain pour une lutte farouche contre l’insécurité, a-t-il ajouté.