Ce Mardi 27.08.24), l’Espagne et la Mauritanie ont signé une « déclaration d’intention » ouvrant la voie à des accords pour renforcer leur collaboration contre la criminalité organisée sous toutes ses formes.
Une déclaration qui vise un renforcement de leur coopération pour lutter contre les passeurs de migrants illégaux vers l’Europe et favoriser la migration légale. Elle s’inscrit dans le cadre d’une tournée du Premier ministre espagnol destinée à contrer l’afflux de clandestins africains dans son pays.
Selon Pedro Sánchez, il s’agit principalement de combattre le trafic d’être humains, de concert avec le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, selon des propos rapportés par l’agence nationale mauritanienne.
L’Espagne et la Mauritanie ont aussi signé un « mémorandum d’entente » de « migration circulaire ». Ce, afin que l’Espagne puisse à même de connaître ses besoins de main d’oeuvre à la Mauritanie, qui sélectionnera des candidats dans le cadre d’un « projet pilote » d’une durée initiale d’un an. Lequel projet est censé réserver une place particulière aux jeunes et aux femmes.
Par ailleurs , l’Espagne fait face à une accélération spectaculaire des arrivées de migrants clandestins, essentiellement via l’archipel des Canaries, porte d’entrée de l’Europe pour des milliers d’Africains qui prennent depuis des années la périlleuse route de l’Atlantique à la recherche d’un avenir meilleur.
Entre le 1er janvier et le 15 août, 22.304 migrants sont arrivés aux Canaries, contre 9.864 pour la même période de l’an dernier, soit une augmentation de 126%. Pour l’ensemble de l’Espagne, la hausse est de 66% (de 18.745 à 31.155).
La Mauritanie, important point de départ de migrants de différentes nationalités, était la première étape d’une tournée qui conduit le responsable espagnol en Gambie mercredi (29.08.2024)et au Sénégal jusqu’à jeudi, deux autres pays de départ sur la côte ouest-africaine.
Le chef de gouvernement socialiste, confronté à l’acuité du sujet en Espagne, a préconisé une vive fermeté contre les filières et humanité vis-à-vis des migrants, et a souligné « qu’il n’y a pas si longtemps encore, l’Espagne était aussi un pays de migrants ».
« L’immigration n’est pas un problème, mais une nécessité qui s’accompagne de certains problèmes », a-t-il dit. En particulier, « nous devons lutter contre les mafias qui font le commerce d’êtres humains, qui jouent avec des vies humaines » et qui profitent « des conditions terribles et du désespoir de ceux qui ont recours à la migration irrégulière ».
Des milliers de personnes sont mortes en tentant de rejoindre ainsi l’Europe ces dernières années.
Les deux pays se sont engagés dans une déclaration conjointe « à oeuvrer ensemble à la promotion de migrations sûres, ordonnées et régulières » et garantir « un traitement juste et humain des migrants ».
Ils « insistent sur la nécessité de lutter contre le racisme et la xénophobie sous toutes leurs formes »
Une source au sein de la présidence du gouvernement espagnol estime que la Mauritanie abrite quelque 200.000 réfugiés victimes de l’instabilité au Sahel, dont de très nombreux Maliens. Ces derniers sont des candidats potentiels à un départ vers les Canaries.
Le projet pilote de « migration circulaire » prévoit que l’Espagne communiquera à la Mauritanie des offres d’emploi. Les candidats passeront des entretiens et le cas échéant des tests. Ils devront obtenir un visa et signer un contrat, et s’engager à retourner dans leur pays à la fin du contrat.
Le mémorandum ne fournit pas de chiffre d’offres potentielles.
L’Espagne a déjà appliqué la formule « avec succès » avec d’autres pays, a déclaré Pedro Sánchez.
Dans le domaine de défense et la sécurité, « l’Espagne contribuera à hauteur d’un demi-million d’euros à une initiative de formation » en Mauritanie, a-t-il ajouté.
L’Espagne lancera prochainement en Mauritanie un Institut Cervantes, institution de promotion linguistique et culturelle.
Réélu tout juste en juillet dernier pour un deuxième mandat à la tête de ce pays charnière entre Afrique du Nord et Afrique subsaharienne et qui se signale par sa stabilité dans une région troublée, le président mauritanien a souligné le rôle de relais qu’il entend voir l’Espagne jouer auprès de l’Union européenne dans tous les domaines.
M. Sanchez compte « beaucoup sur l’engagement personnel pour la facilitation de la migration légale des citoyens Mauritaniens vers l’Espagne et l’Europe », selon les propos rapportés par l’agence nationale.