Le ministre des Affaires étrangères de la transition civile en exil du Mali, Mohamed AG Ahmedou, a réagi vivement à la déclaration de Niamey émise par les putschistes du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Dans un message poignant parvenu à notre rédaction, il a dénoncé la situation sécuritaire multidimensionnelle qui sévit au Sahel central, qualifiant la déclaration de Niamey d' »illusion qui plonge encore plus les populations dans le chaos. »
Selon Mohamed AG Ahmedou, la crise sécuritaire au Sahel, qui dure depuis plus d’une décennie, a été le prétexte utilisé par les putschistes pour justifier leurs prises de pouvoir. « Les putschistes règnent au Mali depuis août 2020 et avril 2021, au Burkina Faso depuis janvier et septembre 2022, et au Niger depuis le 26 juillet 2023 », rappelle-t-il, soulignant que ces régimes militaires n’ont apporté que des souffrances supplémentaires aux populations déjà éprouvées par le terrorisme et le crime organisé.
Mohamed AG Ahmedou souligne que, malgré leurs promesses initiales d’améliorer la sécurité, les putschistes ont créé davantage de problèmes. Il cite notamment les « tueries de masse des innocents, les mauvaises manipulations des drones TB2 turcs qui ont tué des innocents, les crises économiques insupportables pour les populations et l’isolement de ces pays par la communauté internationale ». Il appelle à une évaluation honnête de leur bilan, qui, selon lui, révèle plus de dévastation que de progrès.
En tant que ministre des Affaires étrangères de la transition civile en exil, Mohamed AG Ahmedou appelle à une mobilisation des organisations de la société civile du Mali, du Burkina Faso, du Niger et de la communauté internationale pour trouver des solutions aux crises actuelles. Il met en garde contre la légitimation des actions des putschistes, affirmant que « ceux qui les soutiennent sont des personnes acquises à eux et qu’ils ont acheté ».
Le 6 juillet 2024, les dirigeants militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger se sont réunis à Niamey pour signer l’acte constitutif de la Confédération des États du Sahel (AES). Le général Tiani, le colonel Goïta et le capitaine Traoré ont promis de renforcer leur coopération dans plusieurs domaines, avec le Mali prenant la présidence de l’AES pendant un an et le Burkina Faso accueillant la première session parlementaire.
Lors de ce sommet, quatre documents importants ont été signés : le traité portant création de la Confédération de l’AES, le règlement intérieur du collège des chefs d’État de l’AES, le communiqué final et une déclaration dite de Niamey. Les dirigeants ont également acté leur retrait « irrévocable » de la CEDEAO.
La déclaration de Niamey a mis en avant plusieurs initiatives, notamment la libre circulation des personnes et des biens au sein de la Confédération, la création d’une force unifiée de l’AES et d’un plan trilatéral permanent pour les actions militaires. Sur le plan économique et social, des projets tels que la création d’une banque d’investissement et d’un fonds de stabilisation ont été évoqués.
Mohamed AG Ahmedou critique vivement ces initiatives, les qualifiant de tentatives désespérées des putschistes pour légitimer leur pouvoir. « Ces putschistes ne savent pas les conséquences auxquelles ils feront face dans le futur », avertit-il. Il appelle à un retour des militaires dans leurs casernes pour qu’ils se concentrent sur leurs missions régaliennes de protection des populations avec le soutien de ces dernières.
Mohamed AG Ahmedou conclut en rappelant l’urgence d’une transition démocratique : « Le Sahel ne peut se permettre de rester otage de dirigeants qui choisissent la facilité de la répression plutôt que la complexité de la reconstruction. L’histoire jugera sévèrement ces régimes militaires si nous n’agissons pas maintenant pour rétablir la dignité et la sécurité de nos peuples. »