Dans cette grande bâtisse située sur la route de Ouakam (Ouest de Dakar), un long fil d’attente peut être constaté. Un lieu qui ne désemplit pas. Avec des papiers à la main, tous venus pour déposer une demande de visa au niveau de l’autorité du consulat général, le centre de dépôt de visa Schengen ( VFS Global).
Le revers de la médaille, obtenir un rendez-vous relève du parcours du combattant.
« Avant, c’était plus accessible. Il suffisait de se connecter sur le système pour voir de nombreuses dates pour des motifs différents . Mais dernièrement, pour avoir ne serait-ce qu’un rendez-vous (première demande) c’est tout un problème », explique Madame Faye.
Et d’ajouter que « ils nous accordent aussi que cinq minutes »
Une galère qui indispose les demandeurs.
Aminata est restauratrice de formation, elle a tenté quatre fois une demande de rendez-vous mais toutes se sont soldées par un échec. « Depuis des mois je cours derrière un rendez-vous en vain. C’est à ma cinquième tentative que j’ai enfin pu l’avoir et je suis là aujourd’hui pour déposer une demande de visa pour l’Italie espérons qu’ils vont me l’accorder », nous confie t-elle sceptique.
Des rendez-vous au prix d’or.
Depuis quelques mois, les acteurs de ce milieu font face à des difficultés. En effet, les créneaux sont saisis par quelques intermédiaires véreux. Et, ces derniers les revendent à des prix exorbitants aux demandeurs désespérés.
Selon Madame Faye, ce trafic avait fini par plomber leur activité.
« Pour le cas du Portugal, les demandes sont supérieures à l’offre s’agissant du contrat de travail. Il te faut tout au plus 5 minutes pour avoir un rendez-vous dans le mois ce qui est difficile. Le système devrait être ouvert tout au long du mois pour chaque motif. Ce sont les intermédiaires qui bloquent les rendez-vous », déplore t-elle.
Elle poursuit : « pour le cas de l’Italie, ils ont changé de paradigmes depuis un moment. On leurs envoie des mails et ils nous communiquent les dates de rendez-vous. Tout ceci est dû au fait que les mois passés, certains intermédiaires revendaient les Rendez-vous à 600000 fcfa. Même s’ils essaient de pallier à ce fait, toutefois ils leur restent beaucoup à faire. Les problèmes persistent toujours. »
Les demandeurs pas au bout de leur surprise.
Les frais de demande de visa Schengen ont connu une hausse ce mardi 11 juin 2024 pour les ressortissants des pays tiers, dont le Sénégal. Une hausse de 6550 F est notée pour les demandes d’adulte et 3275 F pour les enfants de 6 à 12 ans.
Les demandeurs rencontrés n’ont pas manqué de montrer leur désaccord. Toutefois, ils sont obligés de se plier à cette nouvelle mesure car n’ayant pas le choix, nous font savoir ces trois amis venus de Louga (218,9 km de Dakar) pour déposer une demande de visa.
Un tableau qui s’assombrie avec l’entrée en vigueur de cette nouvelle mesure.
En effet, en 2023, révèle un document, 64,392 Sénégalais ont déposé une demande, dont 36,403 ont été approuvées, ce qui représente un taux d’approbation d’environ 56,55%.
Ils ont dépensé 5,151,360 € en demandes de visa Schengen en 2023. Avec la nouvelle structure tarifaire, si le même nombre de personnes dépose une demande, les dépenses totales passeront à 5,795,280€, soit une augmentation de 643,920€.
Cette situation met en lumière une réalité préoccupante. Alors que les Africains investissent des sommes considérables dans l’espoir d’une opportunité en Europe, l’UE bénéficie financièrement de ces tentatives souvent infructueuses. Les frais de visa non remboursables deviennent ainsi une source de revenus substantielle pour les États membres, au détriment des économies et des espoirs africains.
Ndeye Mour Sembene