L’agriculture, secteur clé pour l’économie et la sécurité alimentaire d’un pays, semble attirer de plus en plus l’attention des jeunes au Sénégal, où la majorité de la population est jeune. Cependant, la réalité sur le terrain est tout autre. Dans cette optique, le Premier ministre Ousmane Sonko, dans une tentative de redorer le blason de ce secteur vital, a annoncé lors du conseil interministériel dédié à la prochaine campagne agricole 2024-2025 une série de mesures visant à hisser l’agriculture vers de nouveaux sommets.
Parmi ces mesures figurent une refonte des mécanismes de subvention et de financement pour garantir une distribution adéquate des semences, la numérisation du système de distribution des intrants agricoles et la sécurisation de ce processus par les forces de l’ordre.
Cette initiative a été bien accueillie par les acteurs du secteur. Pour Diassé Mboup, un agriculteur, « cette décision intervient à point nommé ». Selon lui, « il y avait une mauvaise gestion dans la distribution des semences, et il est donc temps de changer de paradigme pour réduire les pratiques douteuses ». Il souligne « les nombreux défis, de l’acquisition des semences jusqu’aux ventes ».
Un expert en géo-sécurité et entrepreneur agricole estime qu’une refonte complète des mécanismes de distribution des semences est nécessaire. Il préconise « une révision de la base de données des bénéficiaires et des organisations agricoles à tous les niveaux ». Il plaide en faveur d’un audit pour plus de transparence, soulignant « l’urgence de détecter les problèmes dans toute la chaîne de valeur agricole ».
Cependant, la Cour des Comptes a révélé des pratiques douteuses, comme l’utilisation de plusieurs identités par certains opérateurs privés pour obtenir un maximum de quotas de semences. Malgré ces défis, le fonds alloué par le Premier Ministre, estimé à 120 milliards, est considéré comme une bonne nouvelle par les acteurs du secteur.
Toutefois, du côté de la Cicodev Afrique, un institut panafricain, on met en garde contre l’utilisation excessive d’engrais chimiques et d’OGM, soulignant les dangers pour la santé et la qualité des sols. Il est important de promouvoir une agriculture durable pour assurer un avenir prospère, notamment pour les 75% de jeunes qui évoluent dans ce secteur et qui représentent 15% du PIB, selon la Banque Mondiale.
Ndeye Mour Sembene