Les autorités de la transition semblent avoir précipitamment agi concernant la vente d’une quantité d’électricité à la Guinée par le Sénégal. Récemment, elles ont annoncé avoir obtenu de la SENELEC (Société nationale d’électricité du Sénégal) 120 megawatts. Mais d’après un responsable de l’EDG (Électricité de Guinée), l’heure est toujours à la négociation entre les deux parties.
À l’en croire, le fournisseur commence à se montrer réticent pour un contrat avec un pays dont l’ordre démocratique n’est pas rétabli.
L’interlocuteur a préféré aborder le sujet sous l’anonymat. Il confirme le branchement de la Guinée au réseau interconnecté de l’OMVS. Mais il précise que c’était pour un essai et qu’il n’y a pas encore eu de signature d’accord entre la Guinée et le Sénégal.
« Je n’ai connaissance du montant exact qui va être payé par la Guinée comme facture pour les 120 megawatts. Mais une chose est sûre : il s’agit d’un gros montant, beaucoup de milliards de francs guinéens », témoigne-t-il.
D’après lui, la réticence de la société sénégalaise d’électricité de s’engager dans un contrat de vente de courant à la Guinée est « réelle ». La cause, selon toujours notre source, est le fait que ce soit un militaire qui dirige actuellement le pays.
« Un militaire au pouvoir par coup d’État n’inspire pas confiance. Signer un contrat confiance pourrait constituer un risque. Notre pays a toujours été un mauvais payeur. C’est connu de tous. Ça n’a pas commencé aujourd’hui. Donc, c’est la crainte du Sénégal. Raison pour laquelle il exige une garantie de paiement pour les 120 mégawatts qu’il compte vendre à la Guinée avant de signer le contrat », explique la source qui préfère garder l’anonymat.
La Guinée fait face à un manque criard d’électricité. Même avec les 120 mégawatts que les autorités disent avoir obtenus du Sénégal, les délestages pourraient continuer. À Conakry, par exemple, des quartiers passent des nuits entières dans le noir. Un calvaire qui fâche et qui pousse à des manifestations spontanées.
Agents de sécurité et militaires sont déployés à différents endroits de la capitale depuis plusieurs mois. Une stratégie du pouvoir en place pour contrer les protestations de masse.
Oury Maci BAH