L’on connait désormais la liste complète des membres du gouvernement du président Bassirou Diomaye Faye. Elle a été publiée ce vendredi (05.04.24) et compte 25 ministres et 5 secrétaires d‘Etat. La plupart des ministres nommés par le duo Diomaye-Sonko sont peu connus sur l‘échiquier politique sénégalais.
Dans cet entretien exclusif que nous a accordé Alassane Samba Diop, journaliste et directeur général de E media Invest, celui-ci analyse les profils des nouveaux ministres.
Les nouvelles d’Afrique. info: Bonsoir, M. Diop. la liste des membres du gouvernement du président Bassirou Diomaye Faye, fortement attendue, a été finalement publiée. Etes-vous surpris par sa composition ?
Alassane Samba Diop : Il faut dire que je m’attendais à moins de 25 ministres, si on y ajoute 5 secrétaires d’État. Cela fait un total de 30 ministres, car il faut savoir que les secrétaires d’État ont le rang de ministres. Je suis quand même surpris mais agréablement par les membres qui la composent. Les profils sont bons. La plupart d’entre eux sont des technocrates. Ils ne font pas de la politique et sont des gens qui ont eu à prouver dans leur domaine de compétences. Les ministères régaliens ont été bien pourvus avec des personnalités qui sont aptes. Donc prêts à jouer leur rôle.
Les nouvelles d’Afrique.info : Concernant justemet ces ministères régaliens auxquels vous faites allusion, pensez-vous le président Diomaye a choisi les meilleurs profils en ce qui concerne les ministères stratégiques tels que les porteuilles de la défense, du pétrole, de la sécurité et des Affaires étrangères.
Alassane Samba Diop : Je pense que pour le Ministre des forces armées, le général Birame Diop est dans son élément. Il va gérer un ministère qu’il connaît déjà, étant un ancien chef d’État major des armées du Sénégal. C’est un secteur qui lui est familier.
Pour celui de l’intérieur, il faut dire qu’il sera dirigé par un gendarme, chef d’État major de la gendarmerie, une personnalité très connue, Jean-Baptiste Tine.
Il est d’ailleurs actuellement ambassadeur à Moscou. Je pense qu’il va incessamment rentrer pour prendre les rênes du ministère.
Pour les Affaires étrangères, c’est une inconnue, un visage nouveau pour les Sénégalais, Yacine Fall. Moi, je l’ai connu à travers une émission qui passait sur la télévision Futurs Médias en tant que chroniqueuse. Enfin, le Ministre du pétrole est peu connu. Mais a priori, je pense que ceux qui sont nommés seront bien en mesure de mener la tâche qui leur est dévolue.
Les Nouvelles d’Afrique.info : Le ministère du pétrole est désormais dans les mains d’un inspecteur des impôts, l’administrateur général du Pastef. Lorsqu‘on sait que le président Faye a souvent parlé de renégociation des contrats pétroliers, quel votre avis le détenteur de ce poste ministériel ?
Alassane Samba Diop : Normalement, il (Birame Souley Diop) doit maîtriser les dossiers des contrats. Entre les déclarations de campagne et l’effectivité de ces négociations, il existe un fossé. Il faudrait voir comment les contrats ont été ficelés.
Il est important de regarder par 2 fois avant de renégocier, peut-être du moins, certains aspects des contrats. Vous savez, ce n’est pas donné à tout le monde de renégocier des contrats. Le Sénégal a payé très cher le contrat de « Coumba ressource » du temps d’Abdoulaye Wade en 2000, cassé sous l’initiative du ministre d’alors Madické Niang. Cela demande l’expertise d’avocats spécialisés, de cabinets spécialisés, car dans ce milieu de pétrole et de gaz nagent beaucoup de requins, beaucoup de pièges. C’est pourquoi il faut être très prudent. Espérons que le Sénégal sera bien outillé pour réussir ces négociations.
Les nouvelles d’Afrique. info: Le duo Diomaye Faye–Ousmane Sonko, lors de la campagne électorale, prônait la rupture. Etes-vous d’avis que cet attelage gouvernemental obéisse au vrai désir de changement, voire de rupture ?
Alassane Samba Diop : Oui, elle obéit quelque part au désir de changement. On se rend compte qu’il compte moins de politiciens dans ce gouvernement. Beaucoup s’attendaient à voir des personnalités politiques comme Aminata Touré, ancienne Premier ministre, Habib Sy, un ancien du Parti démocratique sénégalais ou encore Mme Aida Mbodj, Guy Marius Sagna. Tout ce beau monde ayant milité à côté du parti Pastef. Mais on a vu autre chose. C’est pourquoi on peut parler de rupture. Cela montre qu’on a mis des hommes qu’il faut à la place qu’il faut. Maintenant, il s’agira d’observer, d’attendre qu’ils se mettent au travail et que, quand tout cela sera articulé sur le terrain, nous verrons bien les résultats qui sortiront de ce gouvernement.
Les nouvelles d’Afrique. info: Enfin, M. Diop, quel regard portez-vous sur le respect de la parité dans ce nouveau gouvernement ?
Alassane Samba Diop : 4 femmes, c’est quand même pas mal. Cependant, il faut dire que le Sénégal a du mal à respecter la parité. Vous savez même si la loi a été votée, elle connaît des problèmes dans son application. C’est le cas à l’Assemblée nationale ou encore dans les ministères et les mairies.
Des municipalités ont été dissoutes, refaites pour qu’elles soient respectées. Ce qui veut dire qu’il reste beaucoup d’efforts à faire sur le plan des mentalités afin que les hommes puissent laisser davantage la place aux femmes compétentes pour des postes de responsabilité.
Les Nouvelles d’Afrique.info : M. Diop, merci.
Alassane Samba Diop : Merci à vous.
Interview réalisée par Ndeye Aissatou Diouf