Opinion : « Ma colère de voir la jeunesse guinéenne toujours reléguée au dernier rang par ses propres gouvernants »

Souleymane BMB Bah, jeune guinéen

La jeunesse guinéenne a toujours été forte vis-à-vis des situations auxquelles elle a été confrontée, telles que la pauvreté, la précarité, le manque d’éducation de base et des besoins fondamentaux. Bref, elle est privée de tout ce qui rend compétitif sur le marché de l’emploi. Aussi bien l’État que les politiciens, aucun ne s’intéresse véritablement à elle que pour la manipuler. Il suffit qu’une crise politique ou sociale prévale dans le pays pour constater cette désagréable réalité.

Les jeunes filles sont laissées à la merci des violeurs et des sacrificateurs qui font d’elles un soi-disant moyen de se rendre riches ou de rendre riches leurs clients qui croient naïvement en eux. Pendant que la Guinée a besoin d’une véritable refondation, ceux qui la commandent actuellement font tout autre. Aucune différence entre eux et les précédents régimes. L’avenir, surtout celui de la jeunesse, est complètement négligé.

Depuis que ce pays est indépendant, nous jeunes avons toujours été relégués au dernier rang. On ne cesse de nous rassurer de ce qui n’a jamais été vrai. Ceux qui ont dirigé ou qui dirigent le pays s’appuient pour éternellement sur le slogan selon lequel l’avenir appartient à la jeunesse. Le slogan en tant que tel n’est pas faux. Mais seulement s’il est appliqué. Sa mise en œuvre, c’est de créer des opportunités pour les jeunes et de leur orienter celles qui existent. Ces opportunités peuvent être de l’emploi, de la formation, de l’amélioration des conditions de vie, etc. Mais malheureusement, chez nous, ce n’est rien de tout ça. Ici, être jeune ressemble à une condamnation à vie.

Depuis maintenant quelques années, nous sommes les premiers demandeurs d’asile en Europe. Nous ne sommes pourtant pas en guerre dans notre pays, ni dans une quelconque catastrophe naturelle. Mais ça va tellement mal pour les jeunes guinéens que ceux qui ont réussi à rejoindre l’Occident préfèrent y vivre comme exilés que plutôt revenir chez eux. Avec le retour des militaires au pouvoir en Guinée, l’on pensait que le véritable chemin vers la démocratie venait d’être tracé. Ça avait ramené le sourire aux Guinéens par espoir d’une vie différente de celle qu’ils ont toujours connue, à savoir la précarité, la répression, le chômage, la pauvreté et la souffrance. Mais cet espoir s’est déjà transformé en désespoir et même en regret d’avoir applaudi le coup d’État du 5 septembre 2021.

Aujourd’hui, les jeunes Guinéens en ont tellement marre qu’ils veulent presque tous quitter le pays. Ils sont nombreux à avoir déjà risqué leur vie pour rejoindre les États-Unis clandestinement via le Nicaragua. Certains sont arrivés à destination, d’autres ont dû rebrousser chemin ou sont même morts. En Guinée, les termes « Nicara et Cana » sont devenus les plus abordés dans des lieux de rencontre des jeunes. Ces deux expressions sont leur manière de parler du Nicaragua qui est devenu le principal point de passage des migrants clandestins à destination des États-Unis d’Amérique. Tout leur rêve, c’est de partir sans savoir que cela impacte négativement à la fois sur le côté social et celui économique de leur pays. Mais cette envie de partir n’est pas de leur faute. Diplômés sans emploi, la main-d’œuvre non qualifiée et sans métier les pousse à empreinter des routes au risque de leur vie. Parfois, arrivés à destination, ils regrettent d’avoir quitté la Guinée que nous surnommons actuellement Paradis tellement que la vie y est chère.

Le pays est en phase de réalisation de l’un des projets les plus importants dans la sous-région ouest-africaine. Mais le désespoir ne semble pas lui permettre d’attendre le début des démarrages de ce projet tant attendu. Les autorités guinéennes doivent penser à moderniser les directions d’accompagnement des projets des jeunes en mettant à disposition des fonds considérables permettant d’accompagner environ 500 jeunes chaque trimestre dans des projets de hautes potentialités économiques et sociales.

Dans un pays où tout est à refaire, il faut faire contribuer la jeunesse dans les projets de développement, surtout dans les domaines miniers et agricoles. Mais cela doit passer par des formations sur les nouvelles technologies et des systèmes d’accompagnement efficaces adaptés à la réalité du monde actuel.

Nous vivons dans un monde où chaque État fait face à des réalités hors norme pour faire évoluer le système de croissance économique et démographique de son pays. Mais cela ne peut être une réalité sans des institutions fortes adaptées à notre réalité culturelle et avec une jeunesse forte et compétitive dans l’environnement économique global. Monsieur le président, le colonel Mamadi Doumbouya, les réalités actuelles de la Guinée ne rassurent plus la jeunesse guinéenne. Vous devez nous rassurer et travailler pour la Guinée avec la jeunesse pour relever les défis. L’avenir appartient à ceux qui relèvent les défis d’aujourd’hui pour espérer un avenir glorieux.

Vive la Guinée démocratique et prospère !

Souleymane BMB Bah

Jeune patriote guinéen

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