Maison centrale de Conakry : les détenus privés de visite

Depuis le 04 novembre 2023, date à laquelle le capitaine Moussa Dadis Camara et trois de ses co-accusés des massacres du 28 septembre 2009 se sont évadés de leurs cellules avant qu’ils ne soient rattrapés sauf le colonel Claude Pivi, les visites aux détenus sont interdites à la maison centrale de Conakry. C’est l’une des nombreuses mesures exceptionnelles en vigueur pour le renforcement de la sécurité du lieu. Les militaires postés constamment à l’entrée principale et aux alentours ne laissent aucun visiteur accéder à l’intérieur. Les prisonniers n’en peuvent plus et crient à la violation du « droit à la visite ». L’un d’eux a contacté la rédaction des Nouvelles d’Afrique pour exprimer son ras-le-bol.

Malgré l’interdiction de l’utilisation des téléphones dans les cellules, cela bien avant même les évènements du 04 novembre 2023, plusieurs détenus de la maison centrale de Conakry en possèdent encore. C’est le cas du jeune qui nous a contactés au sujet de la suspension en cours des visites aux prisonniers. De par sa vigilance et surtout de son entente avec ses compagnons de cellule, il continue avec son appareil sans être inquiété.

Échange téléphonique avec le prisonnier

Dans un appel via WhatsApp, il confie : « Pas de visite aux détenus depuis le 04 novembre. Ma femme venait tous les jours s’enquérir de mon état. Mais depuis l’évasion du 04, elle n’a même plus accès à l’intérieur de la cour. Elle vient mais une fois à la porte, on lui dit que les visites restent interdites. Actuellement, quand on nous sort de nos cellules, nous n’avons droit qu’à rester dans la cour jusqu’à 16 heures. A cette heure là, on nous renvoie en cellule. Nous n’avons plus droit aux visites et nous ne savons pas combien de temps ça va durer ».

Selon toujours le même interlocuteur, ce qui lui fait le plus mal avec la suspension des visites aux détenus, c’est le fait qu’il soit désormais obligé à se contenter : « uniquement de la nourriture qu’on distribue ici. Avant, ma femme m’apportait à manger. Mais avec l’arrêt des visites, je n’ai pas le choix. Je me sens obligé de bouffer la pourriture qu’on nous distribue ici. Je dis bien de la pourriture parce que c’est le cas. Le manger d’ici tue. Je n’avais jamais vu pareil qu’ici ».

Interdictions élargies aux avocats

Jusqu’à récemment, même les avocats des accusés des massacres du 28 septembre 2009 n’avaient accès à la maison centrale de Conakry. Cette interdiction qui leur avait été imposée par le ministre de la justice, Alphonse Charles Wright, les avait poussés à boycotter le procès desdits massacres. Mais dès le lendemain de leur action, ils avaient obtenu gain de cause. C’est-à-dire ils ont été autorisés à nouveau d’accéder à leurs clients dans leur lieu de détention.

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