République Centrafricaine : Elections groupées de fin d’année de plus en plus incertaines. L’Expert indépendant des Nations Unies appelle à une réforme en profondeur de l’Autorité Nationale des Elections (ANE)

La République Centrafricaine à la croisée des chemins en cette fin d’année 2025 où la population sera invitée aux urnes pour choisir le Président de la République, les 140 Députés et les Conseillers municipaux.

Dans un contexte de tensions politiques marquées entre l’opposition et le pouvoir, ou le dialogue peine à s’installer, une voix discordante émanant des Nations Unies vient remettre les pendules à l’heure.

Dans un rapport rendu public le 26 juin dernier, Yao Agbetse, Expert indépendant des Nations Unies pour la République centrafricaine, a émis des réserves sur la capacité de ANE à tenir les prochaines élections dans les délais prévus. Le document souligne d’importantes difficultés d’ordre opérationnel qui pourraient compromettre le processus électoral.

Le retard dans la publication de la liste électorale constitue initialement prévue pour le mois de mai, l’argument clé sur lequel l’expert de l’ONU s’est basé pour douter de la crédibilité et la transparence du processus électoral en cours.
Le gouvernement de son côté, n’entend pas les choses de la même manière.

Lors d’une réunion avec les partenaires techniques et financiers tenue le 11 Juillet dernier, le Premier Ministre Félix Moloua affirme que : « Compte tenu du fait que nous n’avons pas pu convoquer le corps électoral pour les élections locales, nous allons les combiner avec les élections présidentielle et législatives. Evidemment, ça donne un poids dans le volume du travail. Ceci demande que la capacité de l’Autorité nationale des élections soit renforcée »

Il est important de signaler que les élections locales ont été reportées à plusieurs reprises par manque de budget en même temps que le budget des élections législatives et présidentielle sont loin d’être réunies.

L’opposition réunie au sein du Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution BRDC, ne cesse de réclamer un dialogue avec le Président TOUADERA afin de discuter de toutes ces questions liées au processus électoral en cours. Le coordonnateur Crépin MBOLI GOUMBA, dans une interview a déclaré : « La MINUSCA doit clarifier sa position ». Une façon claire pour l’opposition de mettre la Mission des Nations en RCA devant ses responsabilités.

Longtemps accusée de complicité avec les autorités de Bangui, la MINUSCA a pourtant accompagné l’Etat centrafricain dans l’organisation des différents scrutins tenus au cours de la dernière décennie, depuis la crise de 2023. Dans un pays où le réseau routier est quasi inexistant, c’est notamment grâce à la logistique de la MINUSCA les matériels électoraux parviennent, tant bien que mal, dans les quatre coins du territoire. Dans ce contexte, plusieurs interrogations demeurent : A quoi doit-on s’attendre dans les jours à venir de la part du gouvernement ? Les autorités de Bangui vont-elles une fois de plus solliciter l’appui de leurs alliés, notamment la Fédération de la Russie, pour compléter le budget électoral et assurer la logistique nécessaire au bon déroulement des scrutins, au cas où ils s’entêteraient à organiser les élections dans les délais fixés.

Ce que l’on redoutait depuis longtemps en Centrafrique risque désormais de se concrétiser : le report des élections. Un tel scénario pourrait ouvrir la boîte de Pandore, avec à la clé une série de crises politiques et sociales dont personne ne saurait maîtriser l’ampleur dans un pays si fragile déjà. Le Président Faustin Archange TOUADERA, investi par son parti, le Mouvement Cœurs Unis (MCU) pour l’élection présidentielle de décembre prochain, fait face à de nombreux défis.

Tribune