Algérie : pourchassé par la police, un migrant guinéen chute d’un bâtiment et meurt

Comme beaucoup d’autres sans papiers, le défunt vivait de la maçonnerie. Le chantier où il travaillait a été perquisitionné par la police. Craignant d’être arrêté et expulsé, il a sauté du haut du bâtiment. Mais la chute lui a été fatale.

Une fois à terre, le jeune homme n’a pas pu se relever. Le saut ne s’est pas déroulé comme il l’espérait. La police qu’il fuyait l’a arrêté.

Pour quelle destination ?

Notre rédaction a interrogé d’autres jeunes guinéens travaillant sur le même chantier que lui, eux aussi sans papiers, qui avaient réussi à s’échapper.

Selon eux, Souleymane Bah « a été directement conduit en prison » alors qu’il était mal en point. Pour eux, leur ami est mort faute de soins médicaux.

« Ici, en Algérie, les Noirs ne sont pas considérés, surtout les sans-papiers. Même les chiens ont plus de valeur que nous, les Noirs. Quand on nous arrête, on se fiche qu’on soit en bon état ou non », confie un ami du défunt en larmes.

Un autre a déclaré qu’il se trouvait sur le même chantier que Souleymane Bah à l’arrivée de la police.

« J’ai vu mon ami tomber et je n’ai pas pu l’aider. À l’arrivée des policiers, tout le monde a tenté de s’enfuir. Souleymane était à l’étage. Il a sauté. Malheureusement, il est mal tombé », explique-t-il.

Il ajoute : « Ce n’est pas le renvoi que nous craignons, mais le fait d’être jeté au Niger. Ici, tout migrant appréhendé n’est pas renvoyé directement dans son pays d’origine. Il est plutôt emmené à la frontière avec le Niger et abandonné là-bas. C’est ce qui nous fait peur. »

Comment ont-ils su la mort de Boubacar Bah ?

C’est l’autre question que nous avons posée à ses amis. Une semaine après la chute, les mêmes agents sont retournés sur le chantier pour annoncer la triste nouvelle. Cette fois encore, leur présence a fait fuir tous les migrants noirs, même si l’objectif n’était pas de les traquer.

Ce sont aux contrôleurs algériens du chantier que les agents ont annoncé la mort de Souleymane Bah, sans donner de détails. Ils ont à leur tour passé la triste nouvelle aux amis du défunt après le départ de la police.

AlgérieBoubacar BahGuinéeMigrantMort