‘’Serveuses et dignes’’, un projet à succès de Amnesty International Bénin

‘’Serveuses et dignes’’, un projet à succès de Amnesty International Bénin

Travailler sans relâche pour un monde dans lequel les dirigeants tiennent leurs promesses, respectent le droit international, c’est le défi que tente de relever au quotidien, Amnesty International. Les acteurs de sa section Bénin ont la conviction qu’agir avec solidarité et compassion aux côtés de personnes du monde entier, rendra sans aucun doute les sociétés meilleures.

Depuis plusieurs mois, Amnesty International Bénin s’est engagée sur deux projets majeurs dont celui baptisé ‘’serveuses et dignes’’. A la croisée des chemins, un bilan s’impose sur les actions et leur efficacité dans le cadre dudit projet. Que retenir fondamentalement ? A cet effet, la chaine privée béninoise Radio Sêdohoun reçoit dans le Grand Direct (11H45 GMT) de ce mercredi 25 juin 2025, l’assistante sur le projet ‘’serveuses et dignes’’ à Amnesty International Bénin, Madame Christelle ODOYE. Dans une démonstration méthodique, celle-ci a d’abord rappelé le contexte du projet en question. Elle indique que c’est un projet qui vient répondre à une question, « relative aux droits et à la protection des filles et femmes qui travaillent dans les bars et restaurants. »

En effet, les femmes sont victimes de diverses atteintes à leurs droits. « Ces atteintes prennent parfois des formes graves se traduisant par diverses formes de violences et abus, de pratiques qui constituent des freins à la pleine jouissance des droits par cette couche de la population. Amnesty International Bénin rappelle que le Bénin a pris des mesures législatives et institutionnelles, comme le vote de la loi n° 2021-11 du 20 décembre 2021 portant dispositions spéciales de répression des infractions commises à raison du sexe des personnes et de protection de la femme en République du Bénin, la mise en place de l’Institut National de la Femme, et en ratifiant la Convention pour l’Elimination de toutes les Formes de Discrimination à l’Egard des Femmes, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et en œuvrant pour l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD 5 : Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles), s’est engagé à faire de la réalisation des droits des femmes un de ses principaux défis pour le développement. La violence basée sur le genre (VBG) est un phénomène qui met en danger la vie des victimes, leur santé et le respect de leurs droits humains. »

Malgré alors une amélioration du cadre juridique, des défis restent à relever en termes de protection des femmes et des filles, notamment pour certaines catégories demeurées vulnérables à cause de divers facteurs. C’est le cas des filles et femmes serveuses dans les bars et restaurants. Il est clair que les débits de boissons, restaurants et cafétérias recrutent leur main-d’œuvre parmi les nationaux et parfois des citoyens des pays voisins à la quête d’un pis-aller en territoire étranger. Mais à l’évidence, Amnesty International Bénin a fait des constats liés aux problèmes de cette main-d’œuvre. Il s’agit par exemple du manque d’instruction ou faible niveau d’instruction des filles et femmes serveuses des bars et restaurants, l’ignorance des mécanismes de protections et de défense des droits des femmes mais aussi le manque de confiance en soi.

A en croire l’assistante sur le projet ‘’serveuses et dignes’’ à Amnesty International Bénin, ledit projet a été mis en œuvre dans cinq départements du pays à savoir l’Atlantique, le Littoral, l’Ouémé, le Zou et le Borgou. Madame Christelle ODOYE précise qu’en général, les serveuses de bars et restaurants sont victimes de violences et d’abus. Pour cela, poursuit-elle, il y a eu plusieurs cadres de réflexions avec les promoteurs de bars et restaurants. « Les filles de ce milieu ont besoin d’être écoutées, d’être orientées. » Ainsi, plusieurs activités ont été menées entre janvier 2023 et juin 2025 dont les séances de sensibilisation sur les droits des serveuses et les séances de renforcement de capacités sur l’autoprotection, sur la prévention et les mécanismes de dénonciation des violences basées sur le genre et autres types d’abus dont elles peuvent être victimes dans le milieu.

Sur le long du projet, des retours favorables ont été notés, signe de son succès. « Nous pouvons nous réjouir pour ce que nous avons pu accomplir au cours de ses trente mois de mise en œuvre du projet. Toutefois, il reste des choses à faire. » Elle retient donc qu’il y a encore du chemin à faire avant de rappeler à tous qu’au niveau de Amnesty International Bénin, se trouve une clinique légale qui accueille, écoute et oriente toute personne victime de toutes sortes d’abus. Tout comme elle, les acteurs associés à la mise en œuvre du projet, reconnaissent au micro de ce média, l’utilité d’un tel projet à pérenniser à tout prix.

Notons que pour le compte du projet, il y a eu entre autres, la réalisation d’une étude de base du projet afin de disposer de données réelles et probantes sur la situation des droits des filles dans les bars et restaurants ; de séminaire d’appropriation et de renforcement de capacités de l’équipe du projet sur les droits des femmes, le suivi, la documentation, le référencement en cas de violences, abus et exploitations, l’implication des cibles, le plan de communication et le cadre de mesure de performance du projet ; des ateliers de renforcement de capacités et de recyclage sur la prévention, l’auto-protection, l’alerte, les mécanismes de dénonciation à l’endroit des filles et femmes serveuses des bars et restaurants contre les violences et abus avec la participation des ONG partenaires, des émissions sur plusieurs chaines dans tout le pays ; des séances de sensibilisation des responsables, détenteurs et tenanciers de bars et restaurants sur le respect des droits des filles etc.

Sidoine AHONONGA

Humanitaire