Chaque année, le 25 mai est consacré aux enfants disparus. C’est l’occasion de remémorer leurs noms et leurs portraits pour ne pas les oublier et pour témoigner leur solidarité envers leurs parents.
La journée internationale des enfants disparus est un évènement annuel et mondial instauré en 2003 par la fondation pour l’enfance, l’association La Mouette et l’Aide aux parents d’enfants victimes, toutes les trois membres de la fédération européenne Missing Children Europe, sur le modèle de la journée nationale des enfants disparus créée en 1983 par le président Ronald Reagan à la suite de la disparition d’Etan Patz en 1979. Au-delà des objectifs majeurs, il faut promouvoir une réflexion sur les stratégies de prévention ou de recherche des enfants à mettre en œuvre en étroite collaboration avec les autorités chargées de l’éducation et de la politique sociale, de la justice et de la police.
En effet, les enfants sont exposés aux violences physiques, psychologiques et sexuelles. Ces dernières peuvent arriver à n’importe quel endroit ; à l’école, à la communauté, en ligne ou chez eux. Parfois violentés, des enfants disparaissent dans la nature et ne sont jamais retrouvés. ‘’Enfants disparus dans le monde : la politique de protection en situation d’échec ?’’, c’est autour de cette thématique que le média béninois Radio Sêdohoun a reçu ce samedi 24 mai 2025 sur le programme ‘’Sans Détour’’, le spécialiste des enfants à besoin spécifique, Educateur spécialisé en service au Centre National Hospitalier Universitaire de Psychiatrie CNHUP-Jacquot à Cotonou, Otis Wilfried APOVO. Occasion pour celui-ci de faire un aperçu sur le phénomène et d’expliquer de situer de fond en comble, les responsabilités.
Le spécialiste renseigne que, quelle que soit la forme de violence à laquelle un enfant est exposé, son expérience peut entraîner des conséquences graves et permanentes. La violence peut produire des blessures physiques, des infections sexuellement transmissibles, de l’anxiété, de la dépression, de difficultés scolaires, des grossesses non planifiées ou même des pensées suicidaires dont la disparition dans la nature. Les enfants disparus, il en existe partout dans le monde. « Chaque disparition d’enfant est un drame. Et malheureusement, cela arrive. Dans les rues, des enfants disparaissent sans laisser de trace. Certains fuient des situations de violence. D’autres sont enlevés ou exploités. Chaque année, des cas sont signalés, d’autres non. Et trop souvent, ces enfants sont oubliés… »
En tant qu’éducateur spécialisé, Otis Wilfried APOVO dit vivre autrement la situation. « Je côtoie des enfants en grande difficulté. Certains sont en rupture avec leurs familles respectives, d’autres vivent dans la rue. Les enfants vivant dans la rue sont les premières cibles des trafiquants, des réseaux d’exploitation ou même de pratiques occultes. En Afrique, selon la Croix-Rouge, plus de vingt-cinq mille enfants sont actuellement portés disparus. C’est près de 40 % des cas de disparitions recensés sur tout le continent. Derrière ces chiffres, ce sont des visages, des histoires, des enfances brisées. »
« Au Bénin, certains enfants sont même victimes d’infanticide ou de rejet à cause de croyances. On les accuse de sorcellerie, on les cache, on les élimine parfois en silence. Mais, il est encore temps d’agir. Notre rôle à tous est essentiel : parents, enseignants, éducateurs, voisins, autorités. Il faut écouter les enfants, les protéger, les accompagner. Il faut repérer les signes de mal-être, les situations de vulnérabilité et surtout, ne pas rester silencieux face à une disparition. Les enfants doivent être déclarés à l’état civil, scolarisés, encadrés. Aucun enfant ne devrait être invisible… » Il reconnait les mérites du gouvernement béninois à travers le ministère des affaires sociales et de la micro-finance qui joue véritablement ses cartes pour sauver les enfants et leurs familles de diverses situations. Dans ce sens, le spécialiste des enfants à besoin spécifique, éducateur spécialisé en service au Centre National Hospitalier Universitaire de Psychiatrie CNHUP-Jacquot à Cotonou rend un grand hommage au président de la République du Bénin, Son Excellence Monsieur Patrice TALON et à la ministre de tutelle, Madame Véronique TOGNIFODE pour des efforts constants et louables afin de faire bouger inéluctablement les lignes. Toutefois, il pense qu’il y a encore du chemin.
Otis Wilfried APOVO s’est fondamentalement adressé aux acteurs de différentes organisations. « Je lance un appel à la société béninoise. Chaque enfant disparu est une alerte, un échec collectif. Protégeons-les avant qu’il ne soit trop tard. Car, un enfant qui disparaît, c’est une partie de notre avenir qui s’éteint. Ensemble, soyons vigilants. Ensemble, faisons du Bénin un pays où chaque enfant compte et où aucun enfant ne disparaît dans l’indifférence. » Les foyers sont aussi responsabilisés sur la situation.
Il est clair que la protection de l’enfance vise à garantir la prise en compte des besoins fondamentaux de l’enfant, à soutenir son développement physique, affectif, intellectuel et social et à préserver sa santé, sa sécurité, sa moralité et son éducation dans le respect de ses droits. Elle comprend d’ailleurs des actions de prévention en faveur de l’enfant et de ses parents, l’organisation du repérage et du traitement des situations de danger ou de risque de danger pour l’enfant ainsi que les décisions administratives et judiciaires prises pour sa protection.
La protection de l’enfance, c’est de prévenir et de répondre à toutes formes d’exploitation, d’abus, de négligence, de pratiques néfastes, telles que la mutilation génitale féminine et le mariage précoce et à la violence contre les enfants. Tout ceci motive l’enfant et l’empêche de faire l’option de la disparition.
Sidoine AHONONGA