Quand l’homophobie est une réalité au Sénégal

Alors que la communauté internationale célébrait ce 17 mai la journée mondiale contre l’homophobie, le collectif And Samm Jikko yi (Ensemble pour la protection des valeurs ) se réunissait et initiait à Dakar son engagement pour la criminalisation de l’homosexualité au Sénégal.

Cette organisation parmi tant d’autres comme l’Ong islamique Jamra n’ont pas arrêté depuis des mois de dénoncer la lenteur des nouvelles autorités pour  l’exécution de ce projet de loi tendant à la criminalisation de l’homosexualité. En effet, l’actuel premier ministre en avait fait une promesse de campagne lorsqu’il avait déclaré que Macky Sall détenait un agenda lgbtq.

Situation des LGBT au Sénégal

Il en existe au Sénégal une organisation de défense apparentée à celle de défense des droits des LGBT. L’idée de ce collectif est né en 2017, en réponse à la persécution dont la communauté lgbt sénégalaise faisait l’objet.

Mais Free Sénégal ne se positionne pas explicitement pour les lgbt, il est un défenseur des droits humains pour les communautés vulnérables rappelle ses membres.

Toutefois ce collectif s’est érigé en bouclier pour les personnes homosexuelles après l’appel au meurtre public de l’organisation And samm jikko yi en 2021 rappelle une source ou lorsque la tombe d’un présumé homosexuel a été exhumée et incendiée sur la place publique en 2023 à Kaolack (ville à 200 km au sud-est de Dakar). Une scène qui avait fait le tour des réseaux sociaux, choquée le pays et pour laquelle les organisations des droits de l’homme s’étaient insurgés.

L’organisation mène aussi des actions concrètes quand il s’agit de l’orientation sexuelle qui est problématique dans le pays et même dans les pays voisins explique un de ses membres. Le collectif s’active aussi sur les questions de médiation familiale, de médiation juridique mais aussi en ce qui concerne l’hébergement des homosexuels chassés et persécutés qu’ils soient de nationalité sénégalaise ou étrangère.

Mais cette défense contre cette communauté persécutée n’est ce pas rallier à leur cause?

Beaucoup pensent que c’est le cas selon Free Senegal. L’organisation est souvent considérée comme celle parmi tant d’autres qui défende la cause de la communauté Lgbtq+. Mais la question qui se pose est celle de savoir si le recours à la violence doit constituer une réponse à l’orientation sexuelle d’une personne ajoute la même source.

L’homosexualité  a toujours existée au Sénégal avance t’elle. Aujourd’hui le débat qui se pose est de voir comment faire pour que les droits humains de cette communauté soient respectés. D’ailleurs c’est dans ce sens que des organisations comme Jamra ont été appelées à des pourparlers autour de la question depuis des années pour trouver des consensus sur leurs conditions . Mais selon cette source, elle a toujours fui le débat.

Non à l’homosexualité

Une marche pacifique est prévue ce vendredi 23 mai 2025 contre l’homosexualité au Sénégal par un groupe de collectifs (Nittu Dëgg Jamra, Niolank) mais sans And Samm Jikko yi  qui a annoncé sa non participation. Elle se veut comme un rappel à l’ordre sur l’intolérance de l’homosexualité au Sénégal surtout depuis l’arrivée d’un homosexuel de nationalité étrangère ces derniers jours, en touriste dans les rues de Dakar. Ces organisations ont déploré le mutisme des autorités.

Rappelons que le collectif And Samm Jikko yi avait déposé un mémorandum le 24 mai 2024 à la présidence et à la primature après le tollé qui a suivi le discours légalisant l’homosexualité de Jean Luc Mélenchon à l’Université Cheikh Anta Diop, invité par le premier ministre. En plus, la demande d’audience accordée par l’actuel président de l’Assemblée nationale en février dernier n’a donné aucune suite sur le projet de loi, a déploré le collectif.

Corps d’un présumé homosexuel incendié à Kaolack en 2023

 

Récemment, And Samm Jikko yi a été très critique à l’endroit de la projection d’un film sénégalais « Timpi Tampa » qui ferait la promotion d’un message lgbtq+, le film ayant obtenu des droits de diffusion de la Direction de la cinématographie.
Ceci dénote de l’insuffisance de l’article 319 du code pénal qui punit les actes homosexuels d’un à cinq ans de prison pour le collectif Samm jikko yi.

Qu’en dit le droit sénégalais ?

L’article 319 alinéa 3 du code pénal au Sénégal dit explicitement « sera puni d’un emprisonnement de 1 à 5 ans et d’une amende de 100.000 à 1.500.000 francs, quiconque aura commis un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe ».
Dès lors l’homosexualité est assimilée comme « un acte contre nature » .

Pour le spécialiste en droit pénal, Ndiack Fall, l’homosexualité est un acte contre nature. La nature étant définit comme l’accouplement entre un homme et une femme et non entre deux hommes ou deux femmes. L’homosexualité est déjà incriminée estime t’il.

Professeur Ndiack Fall rappelle l’initiative avortée de la réforme prise sous le magistère du président Macky Sall consistant en la criminalisation de l’homosexualité. L’idée est toujours en gestation mais pour M. Fall, criminaliser risquerait de retarder la procédure. Selon lui, il s’agirait plutôt de corser les sanctions et de s’en limiter. Et que pour des actes pareils, il faut sanctionner vigoureusement et vite alors que le passage par l’instruction serait assez lent et l’impact souhaité non atteint a t’il précisé.

Pour notre source, ce qui est paradoxal au Sénégal qui se targue d’être un pays islamique, c’est l’autorisation de la prostitution.

« On accepte que des femmes aient la liberté dans ce pays de vendre légalement leurs corps alors que la prostitution est interdite par la religion ».

Elle va plus loin lorsqu’elle nous révèle que le Sénégal compte presque plus de 32 organisations Lgbtq+ et détient le deuxième réseau national des populations clés en Afrique de l’Ouest. Elle estime que la dépénalisation c’est parvenir à trouver des consensus afin d’ôter l’envie à l’usage de comportements homophobes.

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