Arrêté vendredi à son domicile, l’ancien Premier ministre a été entendu ce mercredi à N’Djamena. D’abord par le procureur de la République, puis par le juge d’instruction, qui l’a finalement placé en détention provisoire à la maison d’arrêt de Klessoum.
Le chef du parti des Transformateurs est accusé d’incitation à la haine. Tout a commencé par de récents affrontements entre deux communautés dans un village du Logone Occidental.
Selon le procureur de la République, ces affrontements ont fait 40 morts, principalement des femmes et des enfants. Un extrait audio a fuité sur les réseaux sociaux, dans lequel on entend une voix attribuée à Succès Masra. Selon le magistrat, les propos tenus dans l’élément sonore serait à l’origine des affrontements du Logone Occidental.
Succès Masra risque gros. Au Tchad, l’incitation à la haine est passible de la réclusion à perpétuité. Mais le parti de l’opposant estime que l’arrestation de son leader est « sans fondement ». Il ajoute que le but est « tout simplement de le détruire ».
Ce n’est pas la première fois que Masra est en désaccord avec le régime du maréchal Mahamat Idriss Déby. Fin 2023, il a fui le Tchad par crainte d’être arrêté pour des manifestations contre la prolongation de la transition, manifestations dont il était l’un des organisateurs.
Il a fallu la médiation du président Félix Tshisekedi pour qu’il soit autorisé à retourner à N’Djamena. Le 1er janvier 2024, il a été nommé Premier ministre de la transition à laquelle il s’était auparavant opposé.
En mai de la même année, à la suite de l’élection présidentielle remportée haut la main par le président Mahamat, il a démissionné de son poste de chef du gouvernement. Depuis, la relation entre lui et le régime actuel n’est plus au beau fixe.