«Une grossesse non désirée, c’est un effet de surprise qui… » : Dr Nadie DAGBETO de l’Ong Read Africa responsabilise les familles

« Une grossesse non désirée, c’est un effet de surprise qui… » : Dr Nadie DAGBETO de l’Ong Read Africa responsabilise les familles

Les questions abordées par l’éducation complète à la sexualité, qu’on peut également appeler compétences de la vie courante, préparation à la vie familiale, comprennent, sans toutefois s’y limiter, la famille et les relations. Il y a également le respect, le consentement et le droit de disposer de son corps, la puberté et la menstruation, la contraception, la grossesse, etc.

Chaque année, plusieurs jeunes filles quittent prématurément l’école du fait de leur grossesse. Une sortie du cadre scolaire trop souvent définitive qui constitue un véritable frein à l’émancipation ou à l’autonomisation de la femme. C’est aussi un danger pour leur santé. Comment peut-on devenir mère lorsqu’on est encore soi-même une enfant ? Comment gérer ces nombreuses grossesses non désirées  ? La contribution à l’autonomisation de la femme ou de la jeune fille constitue-t-elle finalement un moyen de prévention des grossesses non désirées ? Au travers du programme Sans Détour de la chaine privée béninoise Radio Sêdohoun ce samedi 3 mai 2025, l’actrice de la société civile, médiatrice et facilitatrice sociale et communautaire à l’Ong Read Africa, assistante de cours en sémiologie de la communication à l’Université d’Abomey-Calavi, Dr Nadie DAGBETO, s’est prononcée sur la préoccupation. Soixante minutes durant, celle-ci a démontré la nécessité pour les familles de se préoccuper de l’éducation de leurs progénitures.

En effet, dit-elle, l’éducation à la sexualité est un processus qui dure toute la vie et qui commence parfois plus tôt, à la maison, avec des adultes de confiance. L’apprentissage étant progressif, il est enseigné dès le plus jeune âge. Cela est bien différent de ce qui est enseigné à la puberté et à l’adolescence. Chez les très jeunes, l’éducation sexuelle ne porte pas nécessairement sur la sexualité proprement dite. Aussi, l’éducation à la sexualité peut aider les enfants des tranches d’âge les plus jeunes à apprendre à connaître leur corps et à reconnaître leurs sentiments et leurs émotions, tout en abordant la vie familiale et les différents types de relations, la prise de décisions, les principes de base du consentement et ce qu’il faut faire en cas de violence, de harcèlement ou de mauvais traitements. Ce type d’apprentissage jette les bases de relations saines tout au long de l’existence.

« Tant que nous n’avons pas encore les résultats quant à la santé sexuelle et reproductive, nous ne cesserons jamais de dire que c’est un sujet tabou. » Si l’éducation à la santé sexuelle est effective sans tabou, ses sujets ne seront plus autant d’actualité aujourd’hui. C’est vraiment à l’endroit des couches les plus touchées que l’éducation à la santé sexuelle doit être travaillée, cuisinée. Si l’on procrée sans responsabilité, sans vraiment être prêt à assumer cette responsabilité-là, nous allons toujours continuer à avoir des cas sociaux. « Quand nous allons à l’acte sexuel, ce n’est pas forcément pour qu’il en découle un fruit. » Des jeunes filles ou femmes sous-informées dans le piège. « Pour la femme sous le toit d’un homme, c’est moins grave. » « Mais cela peut bouleverser tout le champ déjà en place… »

À en croire Dr Nadie DAGBETO, l’éducation à la sexualité fournit à la jeune fille ou à la femme des informations exactes et adaptées à leur âge sur la sexualité et sur leur santé sexuelle et reproductive, des informations qui sont essentielles pour leur santé et leur survie. En cela, elle ouvre la fenêtre des grossesses non désirées et fait remarquer que lorsqu’on parle de grossesse non désirée, « c’est que la femme qui doit accueillir l’enfant dans son corps et dans sa vie ne s’est pas encore préparée, que ce soit de manière économique, psychologique voire sociale, ou alors elle ne dispose pas encore nécessairement des moyens pour accompagner cet enfant-là. » Et quand nous parlons de moyens, il ne s’agit pas de moyens financiers. Un enfant, c’est une charge, c’est une responsabilité à vie. « Donc, toute femme doit être préparée pour recevoir un enfant. »

« Une grossesse, c’est une lourde responsabilité. » « Donc, une grossesse non désirée, c’est un effet de surprise qui intervient là. » Le déficit d’information doit être alors corrigé à tous les niveaux, notamment au sein des familles. L’actrice de la société civile, médiatrice et facilitatrice sociale et communautaire à l’Ong Read Africa, assistante de cours en sémiologie de la communication à l’université d’Abomey-Calavi, met ainsi un accent particulier sur la part de responsabilité des parents tout en rappelant leurs devoirs. Elle les invite de ce fait à créer un référent de confiance à la maison. L’autonomisation pérenne des femmes et des jeunes fillesreste sans aucun doute un moyen efficace de prévention des grossesses non désirées.

Travailler à davantage prévenir les grossesses, c’est un axe à privilégier, retient Dr Nadié DAGBETO. Elle reconnait les efforts et initiatives de l’État dans ce sens, conseille d’éduquer les jeunes filles et femmes à maitriser leur corps. Cette pièce maitresse de l’organisation non gouvernementale Read Africa plaide avec conviction à toutes fins utiles pour une sensibilisation plus accrue au sein des communautés afin de relever les défis qui s’imposent.

Sidoine AHONONGA

Société