« En Afrique, le pontificat du pape François s’est fait sous le signe de la miséricorde et de l’apaisement des peuples », Père Modekpo Paterne (doctorant en théologie dogmatique).

Disparu au lendemain de la célébration de Pâques, le pape François qui cristallise les attentions depuis lors aura marqué le continent africain même s’il y a rarement posé les pieds. Cependant, son voyage en République centrafricaine effectué en 2014 a marqué les esprits selon le père Modekpo Paterne, salésien de Don Bosco, doctorant en théologie dogmatique, d’après qui cette traversée aura beaucoup contribué à la paix et à l’ouverture de nombreuses perspectives pour le continent.

Héritage spirituel en Afrique

Le début de son pontificat restera marqué sous le signe et le symbole de la miséricorde, celle de la réconciliation et du pardon selon le doctorant. Un message qui est passé comme une lettre à la poste dans un contexte de division et de guerres, parce que, pour le père Modekpo Paterne, cela a constitué une réponse primordiale pour le continent.

Malgré un pontificat relativement court, le pape François est resté attaché à la paix qui est la doctrine sociale de l’église. Celui-ci prône la justice, la réconciliation, la paix entre les peuples, explique-t-il.

Selon lui, le pape François a joué un rôle primordial entre les deux communautés, à savoir les musulmans et les chrétiens qui se regardaient en chien de faïence à cette époque en Centrafrique. Ce voyage a grandement contribué à cet apaisement.

Un autre point remarquable qui a été marquant pour le continent est son attachement aux couches les plus vulnérables. Bien connu de la théologie de la libération, berceau de l’Amérique latine d’où il est issu, ces derniers ont aussi eu leur part durant sa pontification, étant toujours du côté des plus démunis en Afrique. L’estime que les Africains ont de lui est d’ailleurs venue de là, selon le père Paterne. Cette visite a eu pour portée l’ouverture de nombreuses perspectives, à savoir l’engagement du Vatican pour les questions relatives à la santé des enfants. Ce qui a motivé la formation de médecins et de pédiatres notamment au Saint-Siège. En effet, cet engagement a permis aussi la formation de pasteurs, de protestants afin de contribuer à faire asseoir une doctrine de l’église, gage d’un bon vouloir de vie commune entre les peuples, le pape étant d’avis que la religion doit être un vecteur d’union et non de discorde entre les peuples.

Lampedusa et la question de l’homosexualité

Autres thèmes qui ont participé à cette notion de réconciliation et de paix pour laquelle le pape a joué un rôle crucial, sont ceux de la migration et de l’homosexualité. Il s’agit de deux thèmes qui ont touché et continuent de constituer de grandes problématiques dans le continent africain. Placés au cœur de son plaidoyer, ceux- ci pensent que cela a grandement participé à l’admiration du continent africain pour le pape François.

« Si une personne est gay et cherche le Seigneur, qui suis-je pour la juger  ?», des propos tenus par le pape François, au retour des Journées mondiales de la jeunesse au Brésil, en 2013, dans son avion à des journalistes. Près de dix ans plus tard, lundi 18 décembre 2023, le souverain pontife a décidé de franchir un pas de plus dans l’inclusion des personnes homosexuelles au sein de l’Église catholique, en ouvrant la bénédiction aux couples de même sexe.

Cette problématique de la bénédiction des couples gay a été au cœur d’une vive polémique. On se rappelle du symposium des évêques d’Afrique, évoque le Père Modekpo. Pour rappel, la réaction des évêques à ce propos se souvient le père, a été une démarche que le Saint-Père avait comprise et accueillie avec beaucoup de tact. L’anthropologie africaine n’était pas, selon lui, prête à accepter cette démarche, parce que le rejet indique qu’il avait peut-être lieu de dialoguer.

Un pape africain, pas forcément

Pour continuer sur la même lancée que le pape François, selon le père Modekpo, il faudrait parmi les 135 cardinaux électeurs de l’Église, dont la plupart ont été créés par le pape lui-même, quelqu’un qui soit en mesure de comprendre les défis ecclésiastiques et ceux de la société, quelqu’un qui partage la même vision que lui. Mais d’après lui, cette fixation sur un pape africain n’est pas à l’ordre du jour. Le candidat devra tout simplement répondre aux nombreuses problématiques mondiales que sont, entre autres, la paix, la migration, pour ne citer que celles-là… que ce soit en Occident ou ailleurs dans le monde.

Il ajoute que la réalité de l’Église exige une vision globale de l’Église, d’autant plus que sa réalité actuelle conduit à un essor fulgurant, une croissance très exponentielle en Afrique. Le doctorant en théologie dogmatique pense qu’il faut au futur pape une expérience universelle de l’Église, notamment dans les différents continents. S’il doit être un Africain, il devra avoir cette expérience décrite plus haut. Mais la plus forte probabilité reste un cardinal sorti de la ligne théologique du pape François pour avoir dirigé ces dix dernières décennies et créé ces cardinaux à partir de ces mêmes critères, conclut -il.

Décès du Pape François