Le « président-candidat » Brice Clotaire Oligui Nguema, général putschiste tombeur de la dynastie Bongo qui a quitté l’uniforme pour briguer un mandat de sept ans, caracole en tête de la première élection présidentielle depuis le coup d’Etat d’août 2023 au Gabon, selon des premiers résultats partiels diffusés par des médias officiels.
Le président de la transition arrive « largement en tête » dans plusieurs provinces du pays, a annoncé la télévision publique Gabon 24 dimanche matin en indiquant que cette tendance devait encore être confirmée par le ministère de l’Intérieur.
Dans la nuit de dimanche à samedi, pendant le dépouillement, un communiqué officiel a annoncé que le ministre de l’Intérieur gabonais Hermann Immongault annoncerait les résultats provisoires vers 13H30 (12H30 GMT).
Après une journée de vote samedi caractérisée par une forte affluence dans les bureaux de vote, le calme régnait dimanche matin dans les rues quasi-désertes de Libreville, la capitale.
« Ca faisait longtemps que je n’ai pas voté. Mais cette fois-ci, j’ai quand même vu une lueur ou quelque chose qui a fait en sorte que j’aille voter », confie Olivina Migombe, 58 ans, une fidèle catholique rencontrée devant l’église de la paroisse Saint-André qui célèbre le dimanche des Rameaux.
« Je crois au changement cette fois-ci », a-t-elle dit en précisant qu’elle avait voté pour Brice Clotaire Oligui Nguema.
Patrick Essono-Mve 48 ans se rend aussi à l’église. Il se dit satisfait du vote de samedi et du nombre d’électeurs qu’il a rassemblé: « il y avait tellement de gens. On est quand même content, parce que c’est maintenant que nos voix ont compté ».
« Il y aura le boulot », estime ce technicien sans emploi, si M. Oligui est élu président.
Forte mobilisation des électeurs
La mobilisation des électeurs pour ce scrutin qui marque le retour à l’ordre constitutionnel après 19 mois de transition pilotée par les militaires a été très forte, avec un taux de participation de 87,21% à 18H30 (17H30 GMT), selon le ministère de l’Intérieur. Une mobilisation qualifiée « d’historique » par les commentateurs de la télévision publique Gabon 24.
En fin de journée électorale samedi, peu après la fermeture des bureaux vers 18H00 (17H00 GMT), le candidat Oligui s’est rendu à son QG pour remercier ses partisans, qui l’ont acclamé.
Le dépouillement a duré toute la nuit et les voix notées au fur et à mesure à la craie sur le tableau noir se sont alignées en face du nom du candidat Oligui, selon les images de la télévision publique Gabon 24.
Même tendance pour une trentaine de bureaux au Gabon et à l’étranger, avec parfois des pourcentages de 100% en faveur de M. Oligui, selon les chiffres diffusés par le média officiel CTRI News.
Chose inédite, les médias privés et étrangers ont été autorisés à filmer le dépouillement. Comme lors du référendum sur la Constitution organisé en novembre, des observateurs internationaux ont mené des constats toute la journée à travers le pays, sans noter d’incident majeur, selon les premiers rapports.
Le nouvel homme fort du Gabon a largement dominé la brève campagne électorale face à sept adversaires quasiment invisibles, dont le dernier Premier ministre d’Ali Bongo (2009-2023), Alain-Claude Bilie By Nze, son principal concurrent.
Au total, quelque 920.000 électeurs étaient appelées à voter dans 3.037 bureaux de vote, dont 96 à l’étranger.
Chômage, pannes d’électricité, coupures d’eau, routes dégradées, transports publics insuffisants, manque d’écoles, hôpitaux défaillants… les défis sont nombreux, la dette publique colossale (73,3% en 2024) et les attentes des 2,3 millions d’habitants très fortes après plusieurs décennies de gabegie, pillage et gaspillage du système Bongo.