Présidentielle au Gabon samedi: le général-président Oligui favori

Présidentielle au Gabon samedi: le général-président Oligui favori

Le Gabon vote samedi pour élire son futur président, 19 mois après le putsch d’août 2023 qui a renversé la dynastie Bongo et porté au pouvoir le général Brice Oligui Nguema, grand favori du scrutin.

Ce militaire de carrière de 50 ans s’est prédit une « victoire historique » face aux sept autres candidats, parmi lesquels son principal challenger, Alain-Claude Bilie By Nze, dernier Premier ministre du régime Bongo. Les électeurs sont attendus dans les bureaux de vote samedi de 07H00 à 18H00 (06H00 à 17H00 GMT) pour ce scrutin à l’origine annoncé pour le mois d’août, mais finalement anticipé, le régime militaire ayant opté pour un calendrier resserré et une brève campagne électorale de quinze jours.
Le ministère de l’Intérieur a promis des résultats au plus tard le 16 avril.

Dans ce pays d’Afrique centrale, miné par des décennies de mauvaises gouvernances, les attentes sociales sont nombreuses: pallier aux défaillances du réseau électrique, construire des routes, développer l’emploi, diversifier une économie dépendante du pétrole…

« Le retour à l’ordre constitutionnel » est aussi un des principaux enjeux de ce « scrutin exceptionnel » qui « doit permettre de stabiliser la vie économique politique et sociale du pays », selon l’analyste Lysiane Neyer Kenga.

Dans la capitale Libreville, le général Oligui est omniprésent, son visage et l’acronyme C’BON – slogan de campagne issu des initiales de son nom – tapissé sur d’immenses affiches à travers la ville, et les autres candidats en lice sont invisibles.

Celui qui fut l’aide de camp du patriarche Omar Bongo puis le chef de la garde présidentielle de son fils Ali, avant de renverser ce dernier, se présente comme « le candidat du peuple » et avait promis de rendre le pouvoir aux civils après deux ans de transition. Le nouveau code électoral voté en janvier autorisant les militaires à se présenter, le président de transition a simplement demandé une mise à disposition et quitté son uniforme pour briguer un mandat de sept ans.

Sa nouvelle plateforme, le « Rassemblement des bâtisseurs », a reçu le soutien d’innombrables mouvements et associations. A chaque déplacement, le candidat Oligui est accueilli par des foules enthousiastes, dotées de casquettes, t-shirts et pagnes à son effigie, à qui il promet « l’essor vers la félicité ».

On l’a vu chanter, danser, prendre le micro pour chauffer le public, répéter le geste de l’éclair d’Usain Bolt, se plier aux rites traditionnels ou offrir sa paire de basket dernier cri à un jeune… Des images très reprises sur les réseaux sociaux, où circule un challenge de danse sur sa musique de campagne.

Mais sa stratégie de communication ressemble à celle des « anciens tenants du pouvoir » avec « une campagne à l’américaine avec des gros moyens », des gros meetings sur des grandes scènes et une stratégie d’affichage faite de « grandes bâches qui tirent plutôt vers le culte de la personnalité », explique à l’AFP l’analyste politique Lysiane Neyer Kenga.

A l’opposé, son principal adversaire, Alain-Claude Bilie By Nze, a opté pour la sobriété, avec du porte-à-porte au coeur des quartiers populaires en bravant des sentiers inondés, pantalon retroussé et bottes de pluie, pour des « causeries » en face à face avec les électeurs.

Ce fin politique entré dans le système Bongo en 2009 a reconnu publiquement les erreurs de gestion du régime déchu. Dénonçant « la dictature en marche », il s’est érigé en candidat de « la rupture totale », en accusant le général Oligui, au vu de ses fonctions passées auprès des Bongo, d’incarner la continuité du système.

Les autres candidats, certains inconnus, mènent eux aussi des campagne très discrètes mais avec des temps de parole égaux à la télévision publique: un inspecteur des impôts, Joseph Lapensée Essingone, un médecin, Stéphane Germain Iloko Boussengui, un haut fonctionnaire, Alain Simplice Boungoueres, trois entrepreneurs, Axel Stophène Ibinga Ibinga, Thierry Yvon Michel Ngoma et Zenaba Gninga Chaning, la seule femme.

Ces dernières semaines, le ministère de l’Intérieur a multiplié les communications sur « un scrutin transparent et une élection accessible » à tous.
« Aujourd’hui tous les Gabonais sont profondément pour que le jeu démocratique se fasse dans les règles, tous les acteurs politiques savent qu’ils doivent respecter cette exigence là », affirme Mme Neyer Kenga.

Car, dans ce pays marqué par une crise post-électorales en 2009, des contestations réprimées dans le sang en 2016 puis un coup d’État au lendemain de la proclamation des résultat de la présidentielle en 2023, « la réponse de la population au résultat des urnes n’est jamais connue à l’avance », selon elle.

Politique