Le ministre des Affaires étrangères du Rwanda a déclaré mercredi que le pays ne craint pas d’être isolé progressivement en raison de la guerre dans l’est de la République démocratique du Congo, où Kigali soutient le groupe armé antigouvernemental M23.
Le M23 a récemment pris deux importantes villes de l’est de la RDC, Goma et Bukavu, une avancée majeure dans la région depuis que ce groupe a repris les armes en 2021.
La Grande-Bretagne a décidé mardi de « suspendre » la majorité de ses aides financières au Rwanda. Et Washington a annoncé la semaine dernière des sanctions financières contre un haut responsable rwandais, l’ancien ministre de la Défense James Kabarebe, accusé d' »orchestrer le soutien » des troupes rwandaises au M23.
« Toute discussion sur des mesures punitives et des sanctions contre le Rwanda ne peut nous dissuader de protéger nos frontières et notre population », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, à l’association des correspondants de l’ONU (ACANU).
« Le Rwanda ne craint pas d’être isolé. Nous sommes face à une menace existentielle émanant d’une force génocidaire », a-t-il affirmé avant d’ajouter: « Donc l’isolement diplomatique n’est vraiment pas un souci. »
M. Nduhungirehe s’est adressé au Conseil des droits de l’homme à Genève, affirmant que dans la région des Grands Lacs, « le cancer de l’extrémisme ethnique violent et l’idéologie génocidaire a de nouveau fait surface ».
Dans l’est de la RDC, « discours de haine, persécution, lynchage et même actes de cannibalisme contre les Congolais tutsis sont devenus désespérément communs ». Il a appelé le conseil onusien à prendre « des mesures immédiates et décisives pour mettre fin à ces persécutions ».
Questionné par des journalistes sur les exactions, il a déclaré qu’il y avait « plusieurs cas de lynchage et de cannibalisme dans l’est de la RDC que vous pouvez trouver sur les réseaux sociaux ».
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a averti le conseil lundi que « plus les villes tombent, plus le risque d’une guerre régionale augmente ».
M. Nduhungirehe a dit à la presse ne pas craindre « une guerre régionale » ajoutant qu’un « cessez-le-feu de facto » est vigueur actuellement. Le ministre a également salué les efforts de paix des deux blocs régionaux, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC).
« Nous vivons cette crise depuis 30 ans. Nous sommes les plus intéressés à y mettre fin », a-t-il encore assuré.
La Première ministre Judith Suminwa Tuluka a déclaré lundi à Genève que le conflit a coûté la vie à « plus de 7.000 compatriotes » depuis janvier, dont plus de 3.000 personnes à Goma.
Ce dernier chiffre a été contesté par M. Nduhungirehe, assurant que les tués étaient principalement des soldats congolais et leurs alliés.