Classement IPC : « Je rêve gros pour le Bénin surtout à cette phase où on s’attaque à la prévention », Gervais LOKO

Classement IPC : « Je rêve gros pour le Bénin surtout à cette phase où on s’attaque à la prévention », Gervais LOKO

La corruption représente un défi majeur à l’échelle mondiale, en particulier dans les pays en développement. Ses effets dévastateurs se manifestent par des inefficacités économiques, des inégalités sociales croissantes et une détérioration des services publics.

Le délit de corruption suppose qu’il existe un lien de causalité entre les choses offertes ou agréés et les actes ou abstentions attendus. Les manœuvres corruptrices doivent avoir pour but spécifiquement d’accomplir ou de s’abstenir d’accomplir soit des actes de la fonction, de la mission ou du mandat, soit des actes facilités par cette fonction, cette mission ou ce mandat. La récompense n’a pas nécessairement à se concrétiser, puisque la simple sollicitation suffit pour caractériser l’infraction de corruption. La lutte contre ce mal est alors un impératif vital pour les pays et leurs économies. Chose comprise par nombre de dirigeants du monde.

Au Bénin, la traque des corrupteurs et corrompus est effective. C’est d’ailleurs une promesse tenue par le président de la République. « La lutte contre la corruption est un combat de tous les instants qui n’émoussera pas les ardeurs de la justice et de la société civile pour mettre un terme à l’impunité », signal donné par Patrice TALON dès sa prise de pouvoir en 2016. Depuis lors, les actions pour mettre un terme à l’impunité se sont multipliées. Au classement de l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) 2024, le Bénin a fait de bond.

‘’Progrès du Bénin au classement de l’IPC 2024 : Implications et perspectives envisageables’’, c’est autour de cette thématique que la chaine privée béninoise Radio Sêdohoun a reçu ce samedi 22 février 2025 sur le programme ‘’Sans Détour’’, l’ancien gestionnaire de projets de lutte contre la corruption à l’ONG Association de Lutte Contre le Racisme l’Ethnocentrisme et le Régionalisme (ALCRER), expert en gouvernance, certifié ISO 37001 sur le Système de Management anti-corruption, Gervais LOKO. Occasion pour cet acteur clé de lutte contre le phénomène de reconnaitre quelques avancées significatives au pays dirigé par Patrice TALON.

En effet, la corruption continue de reculer au Bénin, note Transparency International. Le rapport 2024 de l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) de cette organisation internationale non gouvernementale rendu public, révèle que le Bénin a accompli des progrès notables dans la lutte contre la corruption. Le Bénin a gagné deux places dans le classement mondial par rapport à l’année précédente, se positionnant désormais à la 69e place sur 180 pays. Cette amélioration témoigne des efforts déployés par le Bénin en matière de gouvernance et de transparence.

Gervais LOKO explique que si rien ne se faisait en matière de lutte contre la corruption, le développement serait difficile parce qu’à cause de la corruption, dit-il, « il y a des morts dans les hôpitaux, à cause de la corruption, des gens perdent des bourses, donc dilapident la chance de leur vie. Les sociologues définissent souvent la corruption comme un complexe. C’est vraiment complexe. La corruption est vraiment un obstacle, ce n’est pas un ralentisseur. C’est un obstacle pour le développement. Ce phénomène nous freine dans l’élan de développement et depuis, je me suis engagé depuis à travailler sur cette question qui est très mal connue. A l’Ong ALCRER, on fait l’effort pour faire connaitre vraiment cette infraction dans sa diversité pénale… »

« L’Indice de Perception de la Corruption, c’est un outil qui calcule les niveaux de corruption mais Transparency International ne descend pas sur le terrain pour venir calculer. Il se base sur un certain nombre de données qui lui sont fournies par d’autres institutions indépendantes comme la banque mondiale, la banque africaine de développement. Et, le Bénin, son calcul a été fait sur la base de six sources de données. Il y a la source de la banque mondiale et si vous voyez cette source-là, le Bénin a gagné huit points ; la BAD, le Bénin a gagné six points ; il y a aussi un indice de transformation qui permet de calculer le changement social c’est-à-dire la façon dont un pays gère le changement social vers la démocratie, vers l’économie de marché, ça aussi nous avons gagné deux points mais il y a deux indices sur lesquels, on a marqué zéro. Nous avons l’indice sur la démocratie, l’état de droit aussi. Il y a sur un indice où on a eu de recul. Il y a deux points qui nous ont manqué. C’est les conditions économiques et la façon dont notre pays gère les risques. Il y a des défis à relever sur ces points-là. C’est pour ça qu’on n’a pas connu un bond extraordinaire. Sur les dix dernières années, la Côte d’Ivoire a par exemple gagné treize points, nous, on a gagné neuf… »

Se réjouissant de la position qu’occupe aujourd’hui le Bénin, l’expert en gouvernance, certifié ISO 37001 sur le Système de Management anti-corruption estime que la barre de cinquante points sur cent doit être atteinte à tout prix. « Mon souhait, c’est que le Bénin puisse avoir la moyenne parce que les pays qui sont devant nous, ne sont pas si extraordinaires…», fait-il savoir.

Gervais LOKO, avec conviction, salue l’instauration du Haut-Commissariat à la Prévention de la Corruption (HCPC) après la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (CRIET) et dit être totalement optimiste quant à l’avenir.

« Moi, je rêve gros pour le Bénin surtout à cette phase où on s’attaque à la prévention. Je crois que la prévention peut nous donner dans les deux prochaines années, cinq points… », souligne l’expert en gouvernance.

Sidoine AHONONGA

Société