Sans la musique, la vie serait une erreur. La musique nous fait voir des êtres et des choses. En effet, la bonne musique ne se trompe pas et va droit au fond de l’âme chercher le chagrin qui nous dévore. Nombre d’artistes s’inspirent des rythmes pour conscientiser, distraire et valoriser le rassemblement desgroupes ethniques respectifs. Ainsi, des exploits surprenants sont réalisés çà et là. Au Bénin, il est noté des décès répétés dans le monde musical béninois.
Les circonstances de décès de talents artistiques sont généralement inconnues. Après les artistes Praouda en décembre 2024 et Sèmèvo en janvier 2025, c’est le concepteur du Noudjihou Willy MIGNON qui rend l’âme début février 2025 à Ouagadougou au BurkinaFaso. Bien avant eux, d’autres cas ont été enregistrés. Que dire en réalité de la situation ? À cet effet, la chaine privée béninoise Radio Sêdohoun a reçu dans le Grand Direct (11 H 45 GMT) du vendredi 07 février 2025 l’artiste-musicien, président de l’Association nationale des compositeurs chanteurs traditionnels du Bénin (ANCCTB) et président du Bureau exécutif national de la Confédération des artistes et des acteurs de la musique traditionnelle (CAAMTB). Dans ses explications, Jean-Pierre HOUNTIN-KIKI dit être inquiété de l’allure que prend la situation.
« Il me semble que c’est la situation socio-économique liée au fait que les manifestations culturelles, artistiques ne sont plus en instances régulières. Il y a un moment d’accalmie et nos artistes, il me semble, sont en désarroi. Je ne suis pas surpris, étant donné que c’est un secteur que je connais, et depuis que les activités ne sont plus quotidiennes, il y a un grand désarroi, et je m’attendais, sans le souhaiter, à ces décès en cascade. La situation socio-économique est une situation qui a des reflets sur la vie des acteurs culturels que nous sommes…On trouve des difficultés parce qu’on était déjà habitué à un phénomène, le peuple et nous. C’est le peuple qui nous soutenait. Aujourd’hui, ça ne marche plus. « Nous sommes en train de souffrir des réformes qui sont quand même indispensables pour un pays qui veut se développer… »
Le responsable de creusets d’artistes-musiciens béninois faisant amende honorable explique que le Bénin ne pouvait plus continuer à gérer les choses sans orthodoxie. Jean-Pierre HOUNTIN-KIKI approuve ainsi la transformation positive en cours dans le secteur musical pour mettre véritablement les choses sur les rails, sauf que pour lui, beaucoup d’acteurs attachés aux anciennes pratiques n’arrivent pas à résister dans la transition. Et là, « chacun se demande : à qui le tour ? » Tout le monde a peur. Moi-même, j’ai peur. Le phénomène évolue, et dangereusement. « À l’heure où je vous parle, il y a beaucoup de malades… »
Au niveau de la musique traditionnelle, la situation n’est pas alarmante, reconnait-il. Toutefois, le président de l’ANCCTB et de la CAAMTB met aussi l’accent sur le comportemental pour justifier cette douloureuse traversée. Il recommande un réel encadrement pour retirer à certains artistes des comportements contraires aux principes de la nature. Sans aller plus loin dans son argumentaire, il conclut en ces termes : « Je suis bien renseigné et je sais de quoi je parle. »
Sidoine AHONONGA