Élections en Guinée : vers un nouveau glissement du calendrier électoral ?

Les élections censées marquer le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée, initialement prévues pour cette année, semblent désormais compromises. Malgré la promesse faite par le général Mamadi Doumbouya, des signaux récents laissent penser que le calendrier électoral pourrait être une nouvelle fois reporté.

Lors d’une récente sortie médiatique, le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, a clairement indiqué que la transition ne prendrait pas fin en 2025. Interrogé sur la possibilité de respecter l’échéance prévue, il a répondu sans détour : « Je pense que c’est non, c’est impossible. »

Une contradiction avec les engagements du CNRD ?

Cette déclaration contraste fortement avec celle du général Mamadi Doumbouya, qui, lors de son discours à la nation du 31 décembre 2024, avait déclaré 2025 comme année électorale. Il avait même assuré que la date du référendum constitutionnel serait fixée au premier trimestre de l’année.

Or, les propos d’Ousmane Gaoual Diallo suscitent aujourd’hui de nombreuses interrogations et une certaine confusion au sein de l’opinion publique guguinéenne.

Une transition qui s’éternise ?

Le 5 septembre 2021, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) prend le pouvoir à la suite d’un coup d’État, renversant Alpha Condé. À l’époque, les militaires s’étaient engagés à organiser une transition de durée raisonnable pour aboutir à un retour rapide à l’ordre constitutionnel.

Mais alors que la transition entre bientôt dans sa quatrième année, le flou persiste autour du calendrier électoral. Aucune date précise n’a encore été annoncée pour les élections générales, et la tenue même du référendum constitutionnel demeure incertaine.

Tensions politiques et répression des manifestations

Face à cette indécision persistante, l’opposition et la société civile tentent d’exercer une pression croissante sur la junte militaire. Le 6 janvier dernier, un appel à manifester avait été lancé pour exiger une clarification du calendrier électoral et le respect des engagements pris par le CNRD.

Cependant, la mobilisation a été violemment réprimée par les forces de l’ordre, entraînant des affrontements sur l’Autoroute Le Prince. Le bilan de cette journée tragique s’est soldé par trois morts par balles et plusieurs blessés.

Vers un enlisement du processus de transition ?

Le risque d’un nouveau glissement électoral apparaît de plus en plus probable, ce qui pourrait aggraver la méfiance et les tensions politiques dans le pays. Les signaux envoyés par le gouvernement ne rassurent pas, et la pression internationale pourrait également s’intensifier dans les mois à venir.

Alors que la Guinée peine à retrouver une stabilité institutionnelle, la population et l’opposition continuent d’attendre des clarifications concrètes sur la feuille de route électorale. Reste à savoir si le pouvoir militaire respectera ses engagements ou prolongera encore la transition.

Politique