États-Unis : l’OMS alerte sur la suspension des programmes de lutte contre le Sida dans les pays en développement

La suspension des financements du Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR), l’un des piliers mondiaux de la lutte contre le VIH/Sida, suscite une vive inquiétude au sein de la communauté internationale.

Cette décision, annoncée le vendredi 24 janvier par l’administration américaine, épargne l’Égypte et Israël, mais impacte de nombreux pays en développement fortement dépendants de cette aide pour leurs programmes de santé publique.

Face à cette situation, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a exprimé sa profonde préoccupation, exhortant l’administration américaine à reconsidérer sa décision afin d’éviter une catastrophe sanitaire mondiale.

Dans un communiqué officiel, l’OMS a rappelé le rôle essentiel du PEPFAR, qui assure l’accès aux traitements antirétroviraux pour plus de 30 millions de personnes dans le monde. L’arrêt brutal de ces financements mettrait en péril les avancées obtenues depuis deux décennies et menacerait directement des millions de vies.

« L’arrêt du financement des programmes de lutte contre le VIH pourrait exposer des millions de patients à un risque accru de complications liées à la maladie et de décès, annihilant ainsi des décennies d’efforts en matière de prévention et de soins », a alerté l’OMS.

Le lundi 27 janvier, le directeur général de l’OMS a appelé l’administration Trump à introduire des exemptions supplémentaires, tenant compte de l’impact critique du PEPFAR dans la lutte contre le VIH.

Selon les statistiques de l’OMS, 39 millions de personnes vivaient avec le VIH en 2023. Bien que des progrès significatifs aient été réalisés grâce aux traitements antirétroviraux et aux campagnes de prévention, le virus demeure un enjeu majeur de santé publique, particulièrement en Afrique subsaharienne, où se concentrent les deux tiers des personnes vivant avec le VIH. « Cette maladie continue de faire des ravages, malgré des avancées considérables en matière de prévention et de traitement », souligne l’OMS dans son rapport.

L’OMS met en garde contre une possible recrudescence des infections, notamment dans les pays où l’accès aux traitements dépend directement du financement du PEPFAR. Sans ce soutien, de nombreuses structures médicales risquent de réduire, voire interrompre l’accès aux soins, ce qui pourrait provoquer un retour aux niveaux alarmants des années 1990, période où le VIH causait des millions de décès annuels.

« L’arrêt du financement pourrait provoquer un retour en arrière de plusieurs décennies dans la lutte contre le VIH, notamment en Afrique, où la majorité des personnes sous traitement dépendent du PEPFAR », avertit l’organisation.

Mis en place en 2003 sous la présidence de George W. Bush, le PEPFAR est présent dans plus de 50 pays et a permis de sauver plus de 26 millions de vies, selon l’OMS. Actuellement, le programme fournit un traitement antirétroviral à plus de 20 millions de personnes vivant avec le VIH, dont 566 000 enfants de moins de 15 ans.

La suspension de son financement aura un impact immédiat et dévastateur, compromettant l’approvisionnement en traitements antirétroviraux sûrs et efficaces, et mettant ainsi en danger des millions de patients qui dépendent de ce programme pour survivre.

Face à l’urgence de la situation, plusieurs organisations internationales, ONG et dirigeants politiques exhortent Washington à revenir sur sa décision. Des appels à la mobilisation se multiplient, dénonçant une décision qui pourrait non seulement fragiliser les systèmes de santé des pays bénéficiaires, mais aussi compromettre les efforts internationaux en matière de lutte contre les pandémies mondiales.

Alors que les conséquences de cette suspension commencent déjà à se faire sentir, la question demeure : l’administration américaine fera-t-elle marche arrière face à la pression nationale et internationale, ou maintiendra-t-elle une décision qui risque de provoquer une crise sanitaire d’ampleur mondiale ? Wait and see.

Santé