Guinée : pas d’élections avec l’ancien fichier électoral, tranche le Premier ministre Bah Oury

Guinée : Pas d’élections avec l’ancien fichier électoral, tranche le Premier ministre Bah Oury

La Guinée, en transition depuis près de quatre ans, prépare son retour à l’ordre constitutionnel en 2025, selon les autorités. Toutefois, ce processus ne se fera pas avec l’ancien fichier électoral, a tranché le Premier ministre Bah Oury, en réponse aux appels de certains acteurs politiques qui plaident pour l’utilisation du même fichier que sous l’ancien président Alpha Condé.

Dans une déclaration diffusée à la télévision nationale, Bah Oury a fermement rejeté l’idée d’utiliser l’ancien fichier électoral pour organiser les prochains scrutins. Selon lui, cela entraînerait une instabilité majeure et aggraverait les tensions politiques : « Les acteurs politiques qui veulent qu’on utilise l’ancien dossier électoral pour avancer vite courent à la catastrophe. L’ancien dossier a déjà fait 200 morts. »

Un rappel poignant aux violences électorales survenues lors des dernières consultations nationales sous Alpha Condé, notamment la présidentielle de 2020, marquée par des affrontements meurtriers.

Initialement, le général Mamadi Doumbouya, chef de la junte, avait promis un retour à l’ordre constitutionnel avant le 31 décembre 2024. Cependant, lors de son discours de vœux à la nation, il a annoncé que 2025 serait l’année électorale, précisant que la date de la première consultation, à savoir le référendum constitutionnel, serait fixée au premier trimestre de l’année.

Cette annonce marque un nouveau glissement du calendrier de transition, suscitant des interrogations sur la capacité des autorités à respecter les engagements pris auprès du peuple et de la communauté internationale.

La déclaration du Premier ministre Bah Oury d’exclure l’ancien fichier électoral implique la mise en place d’un nouveau processus de recensement qui est le RAVEC (Recensement Administratif à Vocation d’État Civil), dont la première phase est déjà en cours.

Le RAVEC vise principalement à identifier et enregistrer les citoyens qui ne disposent pas d’extrait de naissance, une étape importante pour garantir l’inclusivité et la transparence du futur fichier électoral.

Ce nouveau recensement soulève plusieurs interrogations 

Le respect des délais électoraux : la mise en place d’un fichier fiable en moins d’un an sera un défi technique et logistique de taille.
La crédibilité du processus :l’opposition et la société civile exigent des garanties de transparence pour éviter tout risque de manipulation des listes électorales.

L’implication des acteurs politiques et sociaux : un consensus sera nécessaire pour éviter une crise post-électorale liée à d’éventuelles contestations.

Alors que 2025 s’annonce décisive pour l’avenir démocratique de la Guinée, la transition militaire dirigée par Mamadi Doumbouya est sous pression pour tenir ses engagements. La mise en place d’un nouveau fichier électoral fiable et consensuel reste un enjeu majeur pour garantir des élections crédibles et pacifiées.

Les prochaines semaines seront déterminantes, alors que les autorités poursuivent le recensement administratif et que l’agenda électoral doit être précisé. Reste à savoir si ce nouveau chronogramme sera respecté et accepté par l’ensemble des forces politiques et sociales du pays.

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