24 h après la publication de la liste des médias conformes au code de la presse par le ministre de la communication, la directrice de la 7 TV est montée au créneau pour afficher publiquement son désaccord.
Face à la presse ce mercredi (04.12.24), Maimouna Ndour Faye a rappelé le rôle qu’elle joue dans le secteur de l’audiovisuel depuis quelques années à travers sa chaîne de télévision. Celle-ci se dit être tout à fait d’accord pour assainir le secteur des médias, mais elle dénonce la démarche du ministre de la communication. C’est un « abus de pouvoir visant à museler la liberté de la presse », dit-elle.
« Ils ont essayé de nous faire passer pour des hors la loi. » Et notre dignité professionnelle en est atteinte », fustige Mme Ndour Faye, martelant que « le ministère devait privilégier le dialogue et la concertation avec les acteurs afin de trouver un consensus », ajoute la journaliste.
Selon Maimouna Ndour Faye, « 70 % des recettes de son groupe de presse proviennent des productions audiovisuelles, événementielles, alors que moins de 30 % de la part de publicité viennent de manière instantanée ».
Elle précise : « Nous exerçons notre métier en toute légalité et contrairement à ce qu’ils sont en train de faire croire à l’opinion publique nationale. Nous sommes aujourd’hui en possession de tous les documents. Des documents que nous avons transmis hier au ministère de la Communication. Nous ne pouvons pas et ne devrions figurer sur une liste de médias supposés être non conformes si le travail de vérification et de conformité avait été mené par le ministère de la Communication qui est notre tutelle. Nous nous insurgeons contre cette démarche. Il y a l’avis de constitution de la société 3M universel, la licence exploitée par 7TV octroyée en 2011 par l’État du Sénégal. La licence appartenait à une société dénommée Media Tech. »
Pour sa part, l’ONG Action pour les droits humains et l’amitié (ADHA) affirme prendre acte de la décision du ministre, saluant l’objectif de cette démarche, qui selon le président Adama Mbengue, vise à renforcer la régulation du secteur.
Toutefois, il invite les autorités à adopter une approche plus inclusive et diligente à l’égard des organes de presse non encore en règle.
L’association recommande ainsi au ministre de « prolonger des délais de mise en conformité, de faire passer le délai actuel de 72 heures à un mois, afin de permettre aux médias concernés de s’organiser et de répondre sereinement aux exigences fixées. D’apporter une assistance technique appropriée, de déployer des agents compétents pour accompagner les organes de presse dans leurs démarches administratives, notamment face à une plateforme d’enregistrement jugée complexe par de nombreux acteurs. Créer une structure de régulation impartiale qui sera constituée d’un cadre neutre et inclusif regroupant le ministère de tutelle, les associations de la presse ainsi que les organisations de la société civile, en vue d’une régulation équitable et consensuelle. Garantie des droits sociaux des employés des médias, de veiller au strict respect des droits des travailleurs, en exigeant notamment la formalisation des contrats, l’affiliation aux régimes de sécurité sociale et des conditions de travail conformes aux normes ».
Par ailleurs, ADHA exhorte l’État à élargir cette dynamique de régulation à tous les secteurs, notamment les instituts de formation supérieure, les centres d’appels…
Pour Alioune Tine, fondateur de l’Africajom Center, « le nouveau pouvoir, démocratiquement élu, ne doit jamais prendre sur lui la responsabilité d’avoir éliminé un seul média sous son règne ».
Rappelons que sur 535 recensés par le gouvernement, seuls 112 ont été reconnus selon le ministère de la communication.