Devant la grande bâtisse de l’ancien palais de justice de Dakar, des personnes, tous âges confondus, sont venues pour contempler les œuvres contemporaines des artistes du monde entier notamment de l’Afrique.
Ici, l’édifice emblématique de la capitale sénégalaise ne désemplit pas.
À l’entrée, on peut apercevoir une sculpture d’un guerrier en bronze de plus de deux mètres et des calebasses tout le long du mur.
Massamba est médiateur, il explique l’engouement des visiteurs depuis l’ouverture de ce 15e rendez-vous des arts africains.
« Ça se passe très bien. On a un bon nombre de visiteurs. Nous recevons des élèves, des étudiants et surtout des étrangers africains comme occidentaux ».
Un effectif de quarante médiateurs pour contenir des milliers de visiteurs.
Selon Massamba « pour chaque section, il y a un Commissaire qui gère la sécurisation des œuvres mais lorsqu’on a une importante masse de personne il va falloir être ferme pour éviter les dégâts car, il y a presque toutes les nationalités africaines qui ont exposé dans plusieurs sections ».
Des dégâts , il y en a car des œuvres ont été déplacées et détruites. À l’image de la chaise du designer burkinabé Hamed Ouattara qui a été cassée, des cauris déplacés pour être transformer avec des initiales ou encore des vases de la Sud Africaine Jenna Burchell cassés. Suffisant pour mettre en colère une visiteuse qui ne cache pas son mécontentement.
« Les sénégalais ne méritent pas l’art. Ils sont trop indisciplinés, c’est dommage », dit-t-elle.
Elle explique : « J’étais là en 2022 mais il n’y avait pas tous ces problèmes. Mais, comme ils sont attirés par l’effet de mode, tout le monde vient pour visiter. Toutefois, il faut savoir respecter le travail des artistes », a-t-elle déclaré.
«The Wake» ou « Le réveil » est le thème de cette quinzième biennale, avec peintures, sculptures, photos, et une exposition immersives d’artistes.
Mais Aisha est une amoureuse des arts. La jeune femme, la vingtaine révolue, exprime sa déception.
« Il y a beaucoup de monde, surtout les jeunes. En les voyant brandir leurs téléphones, tu as l’impression qu’ils sont là juste pour prendre des photos et les partager sur les réseaux sociaux. Pire, certains se permettent même de toucher les œuvres en exposition. C’était à la limite effrayant. Je pense que ces jeunes devraient avoir une éducation artistiques. Cela nous éviterait de nous ridiculiser devant la face du monde», maugrée-t-elle non sans ajouter « Je suis un peu restée sur ma faim. Je m’attendais à voir les artistes, discuter un peu avec eux. Mais ils n’étaient pas présents ».
Méconnaissance de la valeur des œuvres
«Comme on le constate dans notre section à savoir la section design, il y a des visiteurs qui ne savent pas vraiment ce qui est une exposition. Ils croient qu’ils peuvent toucher et même s’assoir sur les œuvres alors qu’ils n’ont pas ce droit. Nous sommes donc obligés de jouer un rôle protecteur des œuvres exposées », explique le médiateur.
Et d’ajouter que « le plus pire ce sont les sénégalais qui touchent les œuvres au lieu de lire les informations ils sont venu que pour faire des vidéos et prendre des photos afin d’alimenter leurs réseaux. Mais au début on avait que des étrangers qui venaient faire des visites », conclut-il.
Manque d’effectifs et de communication
Selon Aïcha, l’organisation a failli. « Ils devaient être là pour maîtriser les visiteurs mais on dirait que cela ne les intéresse pas. C’est dommage ».
Cette autre visiteuse lui emboîte le pas . « Les organisateurs devraient davantage communiquer. Il y’a certes beaucoup de profane mais tout le monde aime beau ». Elle estime que celle-ci doit être une vitrine pour commencer à s’intéresser à l’art contemporain ».
Initialement prévue en mai dernier, mais reportée à novembre pour des raisons budgétaires, la 15ème Biennale est un véritable rendez-vous des artistes africains et des collectionneurs mondiaux.
Cette année, près de 70 artistes du monde entier ont exposés dans le cadre du l’exposition officielle « in » et presque autant dans le cadre des « off », jusqu’au 7 décembre pour découvrir une myriade d’œuvres contemporaines.