Mali : Un Maïga pour remplacer un autre

Mali : Un Maïga pour remplacer un autre

Le Mali connaît un nouvel épisode de turbulence politique avec le limogeage de Choguel Kokalla Maïga, Premier ministre de transition, ce jeudi 16 novembre.
Ses critiques envers les autorités militaires, notamment leur gestion unilatérale du calendrier électoral, ont marqué la rupture entre lui et le chef de l’État, Assimi Goïta.

Selon l’analyste politique Mohamed Amara, cette décision était inévitable : « Le discours du 16 novembre a été le point de non-retour entre les deux chefs de l’exécutif. Les Maliens étaient lassés des tensions au sommet de l’État, surtout dans un contexte de dégradation sécuritaire au Centre et à Bamako ».

Pour le sociologue par ailleurs auteur du livre  »Marchands d’angoisse. Le Mali tel qu’il est, tel qu’il pourrait être (Ed Grandvaux 2019) », les militaires ont voulu éviter que Choguel Maïga ne mobilise la rue contre eux, d’où la nécessité de le remplacer rapidement.

Une nouvelle épreuve de force

Le limogeage de Choguel pourrait aggraver les tensions entre civils et militaires au Mali. « La défiance entre l’ordre militaire et l’ordre politique va s’accentuer, faute d’un acteur régulateur pour apaiser les relations », avertit Amara.

En revanche, ce changement ne signifie pas l’abandon des élections démocratiques, estime-t-il : « Pour Goïta, c’est avant tout un moyen d’écarter un collaborateur devenu gênant, notamment en vue d’un éventuel scrutin présidentiel. »

Abdoulaye Maïga : un successeur prévisible

Le général Abdoulaye Maïga a été nommé Premier ministre de transition par décret, deux jours après le limogeage de son prédécesseur. Cette nomination, prévisible selon Mohamed Amara, place Abdoulaye Maïga devant des défis majeurs :

« Il devra se démarquer de Choguel en renouant les liens avec les États de la sous-région, en libérant les prisonniers politiques et en rétablissant le dialogue avec les partis politiques et les partenaires internationaux comme l’Algérie. »

Quelle posture pour Choguel Kokalla Maïga ?

De son côté, Choguel semble se préparer à un rôle d’opposant. « Il se considère comme un résistant, mais son défi sera de créer un espace politique pour renverser les rapports de force. Peut-il y arriver ? Je n’en suis pas certain », conclut Amara.

Ce changement marque un tournant dans la transition malienne, mais l’avenir reste incertain pour le pays, pris entre les impératifs sécuritaires et la quête d’un retour à l’ordre constitutionnel.

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