Casamance : Sonko et une faction du MFDC ne parlent pas le même langage

Le Premier ministre Ousmane Sonko a évoqué ce vendredi (01.11.24) à Ziguinchor, la décision prise par les autorités d’interdire la promotion et la commercialisation au Sénégal de l’ouvrage de l’historienne française Séverine Awenengo Dalberto intitulé « L’idée de la Casamance autonome –Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal ».

Un livre qui a suscité de vives contestations en raison de la sensibilité du conflit dans cette partie du Sénégal.

Contre toute attente, la branche politique du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) n’a pas tardé à réagir suite à cette décision.

Amidou Djiba qui a porté leur parole s’est interrogé sur la raison du refus de la commercialisation de ce livre. Il estime qu’un tel acte serait contraire aux valeurs démocratiques prônées par l’État.

« Si l’on aspire à un pays de droit, on ne devrait pas interdire la diffusion de cette publication ».

Au responsable du MFDC d’ajouter : « Mais pourquoi on ne voudrait pas que les Casamançais puissent connaître leur histoire ? Dit-il affirmant qu’« il faut dire à Ousmane Sonko que Jacques Charpy à qui il fait allusion a tout dit sauf l’histoire de la Casamance », ajoute-t-il.

À cet effet, Amidou Djiba qualifie de malencontreuse la sortie du Premier Ministre avant de souligner dans sa déclaration : « Que cache-t-il quand il dit que ce livre ne sera jamais vendu au Sénégal, qu’ils ne feront jamais la promotion de ce livre ? », s’interroge M. Djiba qui estime qu’Ousmane Sonko soulève une histoire qu’il ne maitrise même pas avant de lancer des piques.

« Quand ce problème de la Casamance a surgi, il était encore adolescent… » Il n’avait pas le temps de connaitre l’origine de ce problème », dit-t-il.

Pour lui, Sonko « avait promis de régler ce problème discrètement, mais aujourd’hui il se positionne publiquement et soutient une version des faits que nous savons fausse ». Il a notamment réfuté l’idée que l’ancien administrateur colonial Jacques Charpy aurait déclaré que la Casamance avait été intégrée au Sénégal, un point soulevé par Sonko dans ses propos. Le porte-parole demande ainsi à Sonko d’y aller d’une autre manière.

Du côté des éditions Karthala, ils regrettent « une instrumentalisation politique d’un ouvrage scientifique par des personnes qui n’ont, manifestement, pas pris connaissance de son contenu ». L’autrice a affirmé que son travail était « strictement historique » et « ne vise aucunement à rouvrir les fractures, comme certains pourraient le craindre ».

Sur la situation actuelle en Casamance, le porte-parole du MFDC a rappelé la fragilité de la paix : « Nous ne sommes ni en paix ni en guerre ». Ceux qui croient qu’un avantage militaire leur permet de dérouler leur politique économique sans dialogue se trompent lourdement.

Ousmane Sonko a rappelé lors de sa tournée à Ziguinchor qu’une enveloppe de 15 milliards de francs CFA a été déjà débloquée par le gouvernement pour accompagner les populations de retour, dans le cadre du plan national de relance de la Casamance dont l’ambition est de faire renaître l’économie des régions de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda.

Des initiatives saluées par le MDFC qui invite le Premier ministre « à faire très attention et à bien vouloir tempérer ses ardeurs » de ne pas suivre des intellectuels malhonnêtes qui vivent du sang des Casamançais.

M. Djiba a également insisté sur la nécessité de poser les bases d’un véritable dialogue de paix, centré sur la vérité et la justice : « Si l’État souhaite vraiment œuvrer pour la paix en Casamance, il devra engager des négociations transparentes et fondées sur des faits avérés. »

MFDCOusmane Sonkopaix en Casamance