« La gouvernance en Afrique a cessé de progresser » (Rapport Mo Ibrahim)

"La gouvernance en Afrique a cessé de progresser" (Rapport de la fondation Mo Ibrahim)
  1. Le rapport 2023 de la Fondation Mo Ibrahim publié ce mercredi (23.10.2024) établit que les progrès en matière de gouvernance en Afrique sont à l’arrêt. Une stagnation due en partie à la dégradation sécuritaire et le paysage démocratique dans de nombreux pays du continent.

« L’Afrique a fait de grands progrès au cours des premières années de ce siècle mais sur les dix dernières années, nous avons constaté très peu de progrès et sur les cinq dernières années, la situation a commencé à stagner et même à se dégrader dans certains cas », a souligné auprès de l’AFP son président.

Créée en 2006, cette fondation produit des données et des analyses sur les enjeux du continent africain. Son rapport, publié tous les deux ans depuis 2007, est considéré comme l’aperçu le plus complet, rassemblant des données sur 322 variables, dont les services publics, la justice, la corruption et la sécurité.
Si dans son dernier rapport on note des progrès de gouvernance dans 33 pays de 2014 à 2023, dans 21 autres restants, « la situation est pire » aujourd’hui qu’en 2014.

Les Seychelles détrônent l’île Maurice pour la première place du classement, grâce à des améliorations notables dans plusieurs domaines, notamment les infrastructures, l’égalité hommes-femmes, la santé et l’éducation.
A l’inverse, certains pays comme le Soudan, le Soudan du Sud et l’Ethiopie ont été confrontés à des conflits dévastateurs au cours des dix dernières années tandis qu’une série de coups d’Etat militaires en Afrique de l’Ouest et centrale a souligné la fragilité du processus politique.
Les confinements sanitaires dus à la pandémie de Covid-19 et la tendance mondiale vers une « politique de l’homme fort » pourraient avoir enhardi les autocrates, estime M. Ibrahim.

Mais sa plus grande préoccupation concerne la « camisole de force financière » dans laquelle les pays africains sont coincés en raison du lourd fardeau de la dette et du prix élevé qu’ils doivent payer pour accéder aux liquidités des prêteurs mondiaux.
« C’est circulaire », juge-t-il: « Lorsque vous n’avez pas assez d’argent pour construire des infrastructures, pour vous occuper de la santé ou de l’éducation, vous commencez à perdre le contrôle et cela affecte la sécurité ».

Il souligne la nécessité de réformes des institutions mondiales de prêt ainsi que d’une meilleure formation technique pour la vaste population de jeunes africains.

L’insatisfaction s’accroît de manière préoccupante  selon les perceptions des citoyens si l’on se réfère au rapport malgré les progrès observés dans plusieurs domaines essentiels.

Mais en dépit de ce tableau général sombre peint, Mo Ibrahim trouve des motifs d’espoir dans la jeune génération africaine qui est « bien au fait de l’information et plus entreprenante ».

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