Malgré les avancées réalisées ces dernières décennies, les femmes en Afrique continuent de faire face à des obstacles majeurs dans l’accès et la réalisation de leurs droits. Des lois discriminatoires, des politiques publiques insuffisantes et des normes socio-culturelles rétrogradées perpétuent les inégalités. C’est dans ce contexte que l’Association des Juristes Sénégalaises (AJS) célèbre son cinquantenaire en abordant des enjeux cruciaux tels que les effets dévastateurs du changement climatique et les défis sécuritaires lors d’un symposium ce mardi 22 octobre 2024 à Dakar.
Fondée en 1974, l’AJS s’est toujours focalisée sur la promotion et la vulgarisation des droits des femmes et des enfants. Aminata Fall Niang, présidente de l’association, a dressé un bilan élogieux des actions menées depuis sa création. Cependant, elle souligne que ces réalisations ont été possibles grâce à la collaboration avec divers partenaires engagés pour la défense des droits des femmes, qu’il s’agisse d’ONG, de chercheurs, de responsables politiques ou d’universitaires.
Les principales victoires incluent l’adoption de lois clés telles que la criminalisation du viol et de la pédophilie, la loi sur la parité dans les instances électives, l’interdiction des mutilations génitales féminines, ainsi que des mesures contre les violences conjugales. Ces réformes marquent un tournant dans la protection juridique des femmes et des enfants au Sénégal.
Présidant la cérémonie, le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, a souligné les progrès significatifs réalisés dans l’égalité des genres, l’accès à l’emploi et à l’éducation. Cependant, il a appelé à un renforcement des mesures législatives pour lutter contre les violences économiques, psychologiques et domestiques. Il a également rappelé que les femmes et les enfants sont souvent les premières victimes des crises environnementales et des insécurités sociales et politiques. Pour lui, la défense des droits des femmes doit rester une priorité, et non un « combat du passé. »
Stefanie Rothenberger, directrice régionale du Bureau État de droit de la Fondation Konrad Adenauer, partenaire de l’AJS, a mis l’accent sur la nécessité d’élargir la formation des procureurs africains afin de poursuivre les crimes contre les droits des femmes, en particulier dans les contextes de terrorisme et de conflits violents. Elle a félicité l’AJS pour son engagement constant et ses réalisations au cours des cinq dernières décennies.
Ce symposium, intitulé « Regards croisés sur l’évolution des droits des femmes, acquis et perspectives », se déroulera sur trois jours et réunira des experts autour de panels pour discuter des enjeux environnementaux et sécuritaires, qui sont désormais au cœur des préoccupations relatives aux droits des femmes et des enfants. Des recommandations spécifiques sont attendues à l’issue de ces échanges, visant à relever ces défis dans le cadre des droits humains.
L’AJS, avec l’appui de ses partenaires nationaux et internationaux, continue de se projeter vers l’avenir, déterminée à poursuivre la mission de protection et de promotion des droits des femmes en Afrique.