AES : Un bilan mitigé après un an d’existence

 Il y a un an, le Burkina Faso, le Mali et le Niger signaient la Charte du Liptako Gourma. Ces trois pays qui ont claqué la porte de la Cédéao sont réunis dans la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES). Objectif : lutter contre les groupes terroristes qui déstabilisent leurs territoires respectifs.
 

Des défis sécuritaires

Un premier anniversaire marqué par des réunions, des communiqués et des déclarations de volonté, selon Lamarana Bah, doctorant en droit public à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Celui-ci estime que peu de réalisations ont été faites depuis la création de cette Alliance. Ces États sont toujours confrontés aux défis sécuritaires, alors que leurs objectifs principaux étaient de faire face au terrorisme, notamment le long de leurs frontières communes.

Une thèse qui se confirme avec la double attaque terroriste sur Bamako, ce mardi (17.09.24). Le JNIM, branche locale d’Al-Qaïda qui a revendiqué ces attaques, a visé des cibles stratégiques : plusieurs appareils à l’aéroport de Bamako et une école de gendarmerie.

« Des attaques terroristes au cœur du pouvoir militaire qui remettent au goût du jour la problématique de la gestion de la crise liée aux guérillas urbaines », selon le chercheur.

Et de poursuivre Le Mali avait depuis quelques mois gagné du terrain en reprenant la ville de Kidal. Mais aujourd’hui, la montée en puissance des djihadistes confirmée par l’attaque dans la capitale malienne dénote de l’impuissance sur l’enjeu sécuritaire prôné par la Confédération de l’AES.

Le retrait des trois pays de l’organisation sous-régionale a porté un coup de canif dans le processus d’intégration souhaité par la Cédéao, déclarent plusieurs observateurs qui estiment que le Burkina, le Mali et le Niger regroupés constituent 2,7 millions de km2, de vastes territoires dont la CEDEAO a besoin pour son espace géopolitique et économique.

Et si l’Alliance des États du Sahel a marqué des points concernant la politique extérieure, tel n’est pas le cas pour sa politique intérieure. Les libertés fondamentales se sont dégradées avec l’exil d’opposants, à cela s’ajoute la problématique de la durée des transitions.

Au Mali, de probables élections se pointent à l’horizon pour 2025, alors qu’au Burkina, la transition s’étend encore pour les cinq années à venir. Quant au Niger, on ne voit toujours pas le bout du tunnel.

C’est dans ce contexte politico-sécuritaire tendu que le Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a été choisi par ses pairs pour jouer les bons offices entre la Cédéao et l’AES.

« Actuellement, des deux côtés, le dialogue est privilégié », explique le chercheur Lamarana Bah. Pour lui : « La sortie des trois pays de l’organisation sous-régionale conduirait à une fragilisation de l’organisation. »

Aussi, les pays de l’AES en tant que membres de l’UEMOA bénéficieraient des mêmes avantages que leur offre la CEDEAO, notamment la libre circulation des biens et des personnes. Ce qui rendrait difficiles les relations commerciales et conduirait à une cohabitation institutionnelle entre l’AES, la Cédéao et l’UEMOA pour la bonne et simple raison que les deux organisations ont d’égales compétences. Le doctorant en droit public conseille plutôt « une harmonisation des relations entre ces pays » et propose que « l’AES soit une entente sécuritaire à côté de la Cédéao et de l’UEMOA ».

L’Alliance des États du Sahel, un projet mort-né ?

Lamarana Bah, spécialiste en droit public, est d’avis que ce serait difficile pour ces trois pays de mettre en place une organisation qui ne bénéficie pas du soutien des pays voisins, de l’organisation sous-régionale et de la communauté internationale.

« La lutte doit être multilatérale, régionale et sous-régionale ». Il serait difficile pour ces trois pays de combattre le terrorisme à eux seuls. Il faut la nécessaire coopération entre les pays limitrophes, surtout que ces trois pays ne disposent pas d’assez de moyens sur le plan économique et sécuritaire. La coopération internationale est importante pour l’équipement et la formation des forces de défense et de sécurité, a-t-il précisé.

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