Conakry : les habitants durement éprouvés par la dégradation poussée des routes

Des nids de poule, des voiries impraticables, des bitumes arrachés et des embouteillages interminables : l’état actuel de dégradation des grands axes routiers de la capitale guinéenne est tout simplement lamentable.

Le tronçon Kagbelen-Sanoyah, très emprunté par les usagers pour rallier le centre-ville de Conakry ou pour se rendre dans les villes et les régions environnantes de la capitale, est, aujourd’hui, devenu un casse-tête pour les différents usagers, les piétons et les habitants. Des usagers exposés à de longs bouchons provoqués par le stationnement anarchique des camions-remorques le long de la route. À ces difficultés de mouvement s’ajoutent des pannes répétitives de véhicules en pleine circulation, aggravant les embouteillages sur la route bordée par des fossés gorgés d’eau stagnante et de boue épaisse.

La dégradation poussée de cette route pénalise fortement le travail des chauffeurs et motards qui se plaignent des difficultés qu’ils traversent, impactant sur leurs recettes journalières.

C’est le cas du taxi-motard Mamadi Camara qui dit rencontrer de nombreuses difficultés dues au mauvais état de la route. « La route est très dégradée, comme vous le constatez vous-même ». Quand ça pleut, il n’y a que de la boue partout. Nos pneus se crèvent, et nous rencontrons d’autres aussi des pannes. Alors que nos pièces coûtent cher. Honnêtement, pour conduire, ce sont des difficultés. « Souvent, des accidents se produisent un peu partout sur la route », décrit Mohamed Camara. Celui-ci ajoute que les conducteurs de taxis et de moto-taxi sont parfois tenus obligés de facturer des clients à des prix exorbitants.

« Avant, c’était à 5.000 francs qu’on faisait payer aux habitants qui voulaient emprunter la moto. » Mais actuellement, on les fait payer 7.000, 10.000 voire 15.000 francs en fonction de la distance et des bagages qu’ils disposent. Ceux qui ont les moyens ne discutent même pas les prix. Et les autres disent qu’ils n’ont pas d’argent. « Parfois, nous passons la journée sans clients et cela joue sur la recette. »

Non loin du moto-taximan se trouvent des apprentis couchés sous un camion, des mécaniciens tentent de réparer des camions en panne. Allongé à bord de son camion-remorque, également immobilisé, le chauffeur de l’engin nous fait savoir que depuis 4 h, il cherche à sortir son camion de l’interminable bouchon, mais l’état de la route ne lui permet pas de faire des mouvements.

« Le camion là, ne peut pas rouler sur la route là très bien. » Il faudra attendre des heures tardives pour pouvoir sortir et livrer les marchandises. Sinon, on risque de gâter le camion, il y a trop de boue aussi, nous dit le chauffeur.

Mady Camara, président des syndicats de la ligne des camions-remorques, s’offusque du mauvais état de la route.

« Tous les jours, nous luttons contre les crevaisons qui surviennent en longueur de journée ». Les réparations de route ne sont qu’une façade ; après avoir enlevé le vieux goudron, ils ont mis en place des caniveaux qui n’ont fait qu’aggraver la situation. Aujourd’hui, chaque centimètre de cette route est un piège. Les taxis et les motos évitent ce tronçon par crainte des dégâts que cela pourrait causer. « Les machines de construction ont disparu, et nous restons là, abandonnés et épuisés. »

 

Les piétons s’indignent aussi de la mauvaise qualité de la route. Ils doivent passer des heures sur ce tronçon avant de rallier leur destination.

Bernard Doualamou qui participe régulièrement à cette route explique les souffrances qu’il endure tous les jours.

« Il y a d’énormes difficultés vu l’état mauvais d’effectuer de la route. » Ça rend le déplacement très difficile, presque immobile pour les passagers. Et ça joue aussi sur l’état des véhicules, ça les endommage. « Ce qui est marrant, c’est qu’il peut y avoir des cas de mort », dit Bernard Doualamou.

« Imaginez qu’on prenne quelqu’un qui a fait un malaise, qu’on arrive à déplacer un blessé de Dubréka à Conakry ou l’inverse : avec cet état de route, la personne peut rendre l’âme sur le coup. » Donc, il y a beaucoup de crises. J’ai enregistré beaucoup de cas où, par manque de véhicules ou avec l’embouteillage, des gens sont décédés. Donc, les conséquences sont très énormes. « Nous vivons un véritable calvaire sur ce tronçon », ajoute-t-il.

Pour soulager les usagers du tronçon Kabelen-Sanoyah, Mamady Diawara, responsable de la cellule de communication de l’Ageroute, fait savoir que les travaux de réhabilitation de la voirie urbaine ont démarré, mais qu’ils ont été momentanément stoppés en raison de la saison pluvieuse.

Mais pourquoi les routes qui sont entretenues chaque année sont aussi facilement dégradées ? Pour répondre, Mamady Diawara : « La reconstruction totale de la route demande souvent des coûts d’investissement. » Il s’agit de refaire entièrement la route. Tandis que l’entretien routier consiste à faire du bricolage sur des endroits dégradés. Lorsque nous sommes interpellés. « C’est ce que nous faisons souvent lorsqu’une partie de la route est dégradée ».

Celui-ci a par ailleurs dénoncé les mauvaises pratiques qui font que les routes se dégradent rapidement. Mamady Diawara accuse les citoyens de contribuer à la dégradation de la route.

« Les huiles de moteurs qui sont déversées sur la chaussée et les ordures déversées ne donnent pas une garantie de la route », soulignant que tous les citoyens peuvent contribuer à la protection de la chaussée.

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