La mer continue d’être un Eldorado pour les Africains. L’émigration est un drame à force d’engloutir des âmes embarquées à bord de pirogues de fortune avec pour seul désir d’accéder à l’autre rive : l’Europe. Ce continent où renaît l’espoir d’une vie meilleure, mieux que celui où les migrants abandonnent familles et rêves, souvent au risque et au péril de leurs vies.
Dimanche dernier, le Sénégal s’est encore réveillé avec un nouveau drame en mer. Une quarantaine de personnes ont perdu la vie dans une embarcation de fortune au large de Mbour (Ouest). Tous les candidats à l’émigration, hommes, femmes, enfants. Oui, la tentation en mer se féminise, aussi, de plus en plus. Quelle explication ?
Des mamans désespérées face à la situation sociale de leurs enfants ou le pari de voir sa progéniture réussir socialement.
Tout ça pour ça
Pour la pirogue qui avait à son bord plus de 150 personnes, l’ambition était de rejoindre l’Europe par n’importe quel moyen qui permettrait d’arriver à bon port, de l’autre côté de l’Atlantique.
Le capitaine de la pirogue, un habitué des voyages clandestins, a pris une sacrée raclée toutefois triste. Sa famille en est sortie décimée pour avoir perdu 20 personnes. Entre enfants, neveux et beaux fils, cette tentative qui lui réussissait jusque là a été fatale pour cette fois. Quel lourd poids sur la conscience avec autant de vies emportées par ces vagues. Son choix de se rendre aux autorités aussitôt après le drame l’allégera-t-il ?
L’appel fort
En visite dans les foyers religieux en perspective de la célébration du Maouloud, le président Diomaye Faye s’est arrêté sur les lieux du drame.
Son discours n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.
Conscient de l’impact de l’émigration irrégulière sur un régime débutant, Bassirou Faye a parlé d’une situation insoutenable. Une traque sans répit sera réservée aux passeurs clandestins.
La stratégie du yoolé (dénonciation en Wolof) est pour l’heure une des solutions adoptées par le gouvernement dans la lutte contre ce phénomène qui a ôté l’envie de vivre à beaucoup de familles.
Quitte à proposer des récompenses pour les lanceurs d’alerte.
Quelles politiques contre le chômage des jeunes?
À l’aune de l’émigration, le chômage des jeunes était en ligne de mire. Une situation bien différente de celle actuelle. Les migrants qui s’adonnent à ce jeu risqué sont des pères ou mères de familles, employés dans une boîte ou entrepreneurs qui gagnent bien leurs vies pourtant.
Dès lors, qu’est-ce qui peut bien les inciter à prendre le large ?
Ces drames qui perdurent et qui refont surface sont loin d’être enfouis. Fin août, le Premier Ministre espagnol a misé sur la signature de nouveaux accords avec la Gambie, le Sénégal et la Mauritanie.
Trois pays, corridors du trafic de l’émigration. Ils sont le point de départ stratégique, le point de recrutement illégal ou de traites pour des embarcations.
Réguler la migration, tel est le souhait de Pedro Sánchez.
Le phénomène qui s’est emparé des pays africains est loin de se terminer. Trop souvent, des milliers d’Africains, et ce depuis des années, s’aventurent sur la périlleuse route de l’Atlantique pour gagner l’Europe. Gagner ce pari ou périr en mer, le leitmotiv à tout prix de ces candidats à l’émigration ou à la mort.