« Je ne sais pas où se trouvent Fonikè Menguè et Billo Bah » ( Bah Oury, Premier ministre)

M. le Premier ministre, cela fait trois ans que le général de brigade Mamadi Doumbouya a pris le pouvoir. Dans une de vos interviews accordées à la presse nationale et internationale, vous dites qu’il est pratiquement impossible d’organiser l’élection présidentielle en 2024. Quand la Guinée va-t-elle alors se doter d’un fichier électoral consensuel et quand aura lieu finalement cette élection présidentielle pour mettre fin à la transition ?

Dans la phase actuelle, nous sommes en train d’accélérer le processus. Une mission technique de la Cédéao sera à Conakry, à la fin de cette semaine, le 22 septembre, pour échanger avec nos équipes sur la faisabilité et sur l’examen de ce qui est en train d’être fait par la Guinée. Et de ce point de vue, nous attendons, disons, une approche constructive de part et d’autre pour que la communauté sous-régionale puisse, par le principe de la subsidiarité, avoir une vue d’une action positive en direction du système des Nations Unies et de l’Union africaine pour que la Guinée puisse bénéficier des concours substantiels afin de contribuer au financement du processus de retour à l’ordre constitutionnel et, bien entendu, à avoir l’assistance technique suffisante pour ne pas être dans une phase difficile.

Bah Oury, vous êtes un fervent défenseur des droits humains et depuis deux mois, l’on est sans nouvelle de deux membres influents du FNDC. Le porte-parole de votre gouvernement nie tout enlèvement de Foniké Mengué et de Billo Bah et déclare ne pas savoir où ils se trouvent. Savez-vous où sont retenus ces deux militants de la Société civile ?

Non. Si j’étais au courant, je serai le plus heureux de le faire savoir au monde entier. Mais cette question ne nous fait pas honneur parce que nous n’avons pas intérêt en tant que gouvernement d’avoir deux activistes qui disparaissent. Ce n’est pas dans notre intérêt d’avoir cela parce que nous voulons avancer de la manière la plus sereine possible pour conforter des institutions démocratiques et qui respectent les principes fondamentaux des Droits de l’homme. Ceci dit, nous sommes dans une période qui est une période assez troublée, aussi bien de par la fragilité actuelle de nos institutions que par l’insécurité ambiante dans la sous-région. À cela, il faut ajouter un certain activisme de certaines forces politiques qui n’ont pas digéré d’avoir perdu le pouvoir et qui n’hésitent pas à utiliser tous les moyens possibles et inimaginables pour espérer ramener la Guinée à la situation d’avant. Donc, dans ce contexte-là, ce que nous pouvons recommander aux uns et aux autres, c’est d’exprimer leur opposition de la manière la plus responsable, la plus constructive, pour ne pas se laisser embarquer dans des aventures qui risqueront d’être sans lendemain avec des blessures encore sur la société et sur les populations.

Ceci dit, le procureur général de la République avait fait un communiqué en ce qui concerne la disparition supposée de ces deux activistes. Depuis lors, nous insistons auprès de l’autorité judiciaire de continuer à faire les recherches afin qu’on sache où se trouvent les deux activistes dont on est sans nouvelles jusqu’à présent.

M. Le Premier ministre, actualité brûlante oblige, concernant justement la Guinée, c’est bien la courte apparition dans une vidéo de l’ex-président Alpha Condé qui serait désormais dans un pays en Afrique alors qu’il était censé vivre en exil en Turquie. Votre gouvernement est-il au courant de ce changement de lieu de résidence d’Alpha Condé ?

À mon niveau, je n’ai pas reçu une information officielle sur ce chapitre. Mais ce qu’on sait, c’est que M. Alpha Condé a été à un moment donné, de par l’autorité du CNRD, libre de ses mouvements et envoyé en Turquie. Maintenant, c’est un citoyen dans le contexte actuel qui est libre de ses mouvements parce que les autorités guinéennes en la matière ont été très explicites.

Mais ce que nous souhaitons, c’est que les pays qui pourraient l’accueillir fassent de telle sorte que leur pays ne sert pas de base de déstabilisation de la République de Guinée. C’est la seule chose que nous pouvons rajouter par rapport à cette question.

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