Lesnouvellesdafrique.info : Vous êtes rentré au Tchad à la faveur de la signature, le 8 août 2022. Depuis, vous avez été nommé membre du CNT au titre du Front populaire pour la liberté (FPL), un mouvement politico-militaire devenu parti politique. Est-ce que vous regrettez d’être rentré au bercail ?
Takilal Ndolassem : Non, pas du tout, je ne regrette rien. Je suis l’un des co-signataires de l’Accord de Doha grâce auquel, tous les politico-militaires sont rentrés au pays, dont moi-même. Il s’agit d’un accord pour apporter la paix dans mon pays. On peut regarder aujourd’hui autour de nous les pays comme le Soudan et la RCA, qui vivent des conditions extrêmement difficiles de guerre. Quant à moi, j’ai trouvé très importante la main tendue du président de la République, chef de l’État, Mahamat Idriss Deby Itno, à tout le monde ; et d’ailleurs, déjà là, beaucoup sont rentrés au pays : les exilés politiques, les migrants rapatriés. Il ne reste que les membres du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) qui ne sont pas encore rentrés, mais on espère qu’ils vont rentrer bientôt au bercail, puisque des efforts sont en train d’être faits pour qu’ils rentrent, afin qu’ensemble nous puissions profiter des fruits de notre pays, parce que nous sommes moins peuplés. On estime la population tchadienne à 17 000 000 d’âmes sur les 1 284 000 km2 de notre territoire. Je pense que tout le monde a sa place au Tchad. Donc, je ne regrette rien.
Mais, ce qui reste à faire, c’est l’intégration de certains mouvements qui ont signé l’accord de Doha et surtout le processus de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion et Réintégration (DDRR).
Lors de la présidentielle de mai 2024, vous aviez fait partie de la coalition pour un Tchad uni qui a soutenu la candidature du président Mahamat Idriss Deby Itno qui a été élu dès le 1er tour. Pensez-vous que les membres de cette coalition ont été suffisamment récompensés ?
Takilal Ndolassem : Oui, pendant la campagne en vue de l’élection présidentielle du 6 mai dernier, tous les partis politiques membres de la Coalition pour un Tchad uni (CTU) ont démontré, à travers leurs engagements et motivations, leur détermination pour accompagner le candidat de cette coalition, Mahamat Idriss Deby Itno, à travers des campagnes de proximité dans le but de le faire gagner. C’est ce qui s’est produit dès le premier tour avec 61 % des voix.Sauf que, pendant la campagne électorale, certains chefs des partis politiques de la coalition ont vendu certains de leurs biens. Ils n’ont pas été suffisamment récompensés vu les sacrifices qu’ils ont consentis. Mais je pense qu’il n’est pas trop tard, ils seront satisfaits. Sinon, beaucoup d’eux sont récompensés.
Les élections législatives, communales et sénatoriales auront lieu le 29 décembre 2024. Serez-vous candidat à l’une de ces élections ?
Takilal Ndolassem : Oui, je serai candidat aux élections législatives de décembre 2024, sous la bannière de la Coalition pour un Tchad uni (CTU), dans le 7e arrondissement municipal de N’Djaména.
Que proposez-vous concrètement à vos électeurs ?
Takilal Ndolassem : Ce qui me préoccupe le plus, c’est le bien-être de la population de cet arrondissement, la paix, le vivre ensemble. C’est très important pour une société responsable. Je ferai de mon mieux pour que cet arrondissement soit stable, soit un exemple.
Je vais m’employer à la conscientisation de la population afin que tout le monde se reconnaisse davantage dans la gestion des affaires du pays. En tant que député, je compterai sur l’aide et les apports de tous.
Nommé au lendemain de la présidentielle du 6 mai 2024, le Premier ministre Allamaye Halina nommé a dressé le bilan de ses 100 premiers jours le samedi 31 août dernier. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Takilal Ndolassem : Le bilan dressé des 100 premiers jours du Premier ministre Allamaye à la tête du gouvernement est appréciable, puisqu’avant son arrivée à la primature les Tchadiens vivaient certaines difficultés. Depuis sa nomination, il a démontré aux Tchadiens qu’il est un homme d’expérience, un homme de volonté et d’engagement. Il a à cœur d’endiguer certains problèmes qui nuisent à la bonne gouvernance du pays.Il a relevé de nombreux défis tels que : la réduction du prix des carburants, la gratuité de l’éducation des filles dans les institutions publiques et dans les universités, il a formé le Comité national de prévention et de gestion des inondations, il a organisé avec faste la Semaine nationale de l’arbre.Malgré ce bilan satisfaisant, je l’exhorte à faire encore plus, afin de satisfaire les besoins des Tchadiens.
Le parquet national financier français a ouvert une enquête préliminaire visant le président tchadien, Mahamat Idriss Deby Itno, après la diffusion d’un article de Mediapart qui faisait état d’achats suspects de vêtements de luxe à Paris. Quel est votre commentaire ?
Takilal Ndolassem : L’enquête préliminaire que le parquet national financier français visant le président tchadien a ouverte est purement et simplement du chantage.
Je veux directement m’adresser aux amis français en les assurant que nous nous inquiétons de ce qui se passe au sujet de cette affaire de costumes. Après cela, on nous relate une affaire relative au patrimoine immobilier en France des membres de la famille Déby Itno estimé à 30 millions d’euros. Pourquoi la justice n’a-t-elle pas dénoncé ces faits bien plus tôt ?
En tout cas, les temps d’approche ont changé, nous allons maintenant traiter avec tous les pays qui nous respectent et qui veulent bien être avec nous. Il n’est donc pas opportun de nous faire du chantage. Ils ont fait ça avec certains pays africains tels que la Guinée équatoriale, le Cameroun, le Congo… et maintenant, c’est le tour du Tchad.
Je souhaiterais rappeler que, lors de l’appel du général de Gaulle le 18 juin 1940 à Londres, demandant de l’aide aux Africains, le Tchad fut le premier pays africain à avoir répondu à cet appel.
Je voudrais prévenir la France qu’elle pourrait perdre tous les autres pays africains, sauf le Tchad. C’est pourquoi il serait souhaitable qu’elle préserve et consolide ses relations avec ce pays, car la France et le Tchad sont liés par des relations multiformes. Il n’y a pas de sentiment anti-français au Tchad.
Il faudrait aussi faire remarquer que le Tchad est entouré de plusieurs foyers de tensions : RCA, Libye, Soudan. La France doit se tenir à nos côtés dans le cadre de relations bilatérales saines au bénéfice de nos deux peuples.