Bassirou Diomaye Faye acte la dissolution de l’Assemblée nationale

Dans une adresse à la nation ce jeudi (12.09.24), le président de la République a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale. Le 17 novembre 2024 est la date choisie pour des législatives anticipées.

Bassirou Diomaye Faye a, en vertu de l’article 87 de la Constitution procédé à la dissolution de l’institution parlementaire après que la majorité ait « ramé à contrecourant de la volonté du peuple sénégalais pourtant clairement exprimée au soir du 24 mars 2024 », a dit le chef de l‘État.

Installée il ya deux années, le 12 septembre 2022, le Parlement pouvait être dissout a partir de ce mois de septembre.

Une possibilité que le chef de l’État a tenu à vérifier auprès du Conseil constitutionnel qui lui est revenu avec un avis favorable.

Dans son discours, le président Diomaye Faye de la République a annoncé la tenue des élections législatives anticipées le 17 novembre 2024.

Une majorité au Parlement du parti au pouvoir devrait faciliter la mise mise en oeuvre de la politique de rupture tant prônée et de la transformation systémique ayant conduit à l’élection au premier tour du scrutin du 24 mars dernier de l’actuel président de la République.

Blocage politique

Les antagonismes pouvoir/opposition ont entravé l’action gouvernementale depuis la prise de fonction des nouvelles autorités. Le Premier ministre Ousmane Sonko, 50 ans, n’a pas prononcé de discours de politique générale devant l’Assemblée, malgré une menace de motion de censure déposée par le camp de l’ancien régime.

L’Assemblée avait également rejeté début septembre un projet de dissolution de deux institutions consultatives, entraînant un bras de fer entre l’exécutif et la 14e législature.

Le gouvernement a toutefois lancé des audits dans tous les secteurs sur la gestion de l’argent public sous l’ancienne présidence. Il a aussi baissé les prix de produits comme le riz, le sucre, l’huile, a suspendu des constructions sur le littoral, et ouvert un vaste chantier de la réforme de la justice.

Le président Faye a également mis en cause la gestion des finances publiques de son prédécesseur Macky Sall. Citant un audit soumis à la Cour des comptes, il a dénoncé « des dérapages volontairement cachés », « avec une évolution incontrôlée de la masse salariale, de la dette et des intérêts de la dette, une non maîtrise des subventions et un dérapage dans les tirages sur ressources extérieures ».

Il a promis que le rapport approuvé par la Cour des Comptes serait publié, et que les responsabilités seraient établies « à tous les niveaux de la chaîne administrative et politique ».

L’opposition estime de son côté que le nouveau régime n’a pas de projet politique et gouverne sans direction. Elle dénonce une chasse aux sorcières qui cible des responsables de l’ancien régime.

L’opposition apparaît affaiblie depuis la victoire à la présidentielle de Bassirou Diomaye Faye, élu dès le premier tour avec 54,28% des voix, estime Alassane Beye, analyste politique. Mais l’ex-coalition au pouvoir a encore des ressources pour obtenir de bons résultats aux prochaines législatives, assure-t-il.

L’ex-Premier ministre Amadou Ba, arrivé deuxième à la présidentielle, a annoncé le lancement de son parti lundi.  

Le parti au pouvoir, Pastef-Les Patriotes, part favori pour les prochaines élections, même si le contexte a changé depuis la présidentielle qui s’apparentait à un référendum pour la rupture ou la continuité, analyse M. Beye. 

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