Gabon : l’incertitude après un an de transition.

Le vendredi 30 août 2024 marquait le premier anniversaire du coup d’État mené par le général Brice Oligui Clotaire Nguema contre le régime d’Ali Bongo Ondimba. Depuis, le pays est plongé dans une transition militaire cruciale, un processus qui suscite à la fois des espoirs et des interrogations.

Selon l’économiste Foumangoye Virgilio, la satisfaction est mitigée. Le peuple gabonais, fatigué du régime Bongo, aspirait à un changement radical. Après des décennies de corruption et de népotisme, les Gabonais espéraient que ce coup d’État amorcerait des réformes profondes. Pour Foumangoye, les militaires ont pris des mesures courageuses après l’arrivée au pouvoir du Comité de Transition pour la Restauration des Institutions (CTRI), dirigé par le général Nguema.

Un moment de liesse

Les images de la foule en liesse devant le palais du bord de mer à Libreville ont fait le tour du monde. L’euphorie entourant la chute d’un règne de cinq décennies était palpable. Le général Nguema promettait alors l’organisation d’élections en 2025 et une réforme des institutions du pays.

Cependant, aujourd’hui, une partie de la population est inquiète. Selon Foumangoye Virgilio, beaucoup craignent que les militaires ne souhaitent s’éterniser au pouvoir, malgré les promesses initiales.

De l’euphorie au doute

Alors que certains partisans de Nguema le poussent à se présenter à l’élection présidentielle, d’autres voix, au sein de l’opposition et de l’opinion publique, exigent que la transition respecte ses engagements, notamment le retour du pouvoir aux civils après deux années de transition, comme annoncé en avril dernier.

Foumangoye reconnaît cependant des avancées sous le régime militaire. Il décrit Nguema comme un homme intègre, fidèle à ses engagements. « Nous attendons qu’il s’en tienne à la charte qui a prévalu à sa prise de pouvoir », ajoute-t-il, en référence à la charte ayant supplanté la Constitution.

L’économiste estime que le peuple espère sincèrement que les militaires tiendront parole en restituant le pouvoir aux civils.

Des défis pour l’opposition

Par ailleurs, Foumangoye note que certaines figures de l’opposition, issues de l’ancien régime, se sentent écartées ou désapprouvent les décisions prises par le CTRI. Toutefois, il affirme que cette opposition est légitime et nécessaire : « L’opposition doit s’opposer, c’est son rôle. »

Si des soupçons persistent quant à une éventuelle manœuvre de Nguema pour conserver le pouvoir à long terme, Foumangoye estime qu’il serait décevant que cela se produise. « Néanmoins, des progrès significatifs ont été réalisés, notamment la suppression des partis politiques et la mise en place d’institutions de transition telles que l’Assemblée nationale et le Conseil économique, social et environnemental (CESE) ».

Le référendum et la nouvelle constitution

L’attente majeure des Gabonais repose désormais sur le référendum qui doit permettre de remettre les institutions sur de nouvelles bases. Le rapport final sur la nouvelle constitution, remis officiellement au général Nguema, marque une étape clé dans la transformation institutionnelle du pays. Ce document préconise l’instauration d’un régime présidentiel, la suppression du poste de Premier ministre, le non-cumul des fonctions de député et de ministre, et la limitation de la durée de la transition.

Cependant, pour Albert Ondo Ossa, candidat malheureux à la dernière présidentielle, la transition ne semble pas viser à organiser des élections. « Je n’y crois pas », a-t-il déclaré avec amertume.

Foumangoye, quant à lui, est convaincu que des élections auront lieu. Il estime que le Gabon doit passer de cette période transitoire à une véritable démocratie, un modèle que le pays n’a pas connu depuis des décennies.

Une transition prolongée ?

La grande question qui préoccupe aujourd’hui le peuple gabonais est celle de la durée de la transition. Selon Virgilio, l’impression domine que le général Nguema pourrait vouloir échanger son uniforme militaire contre un costume civil. « S’il le fait, il devra démissionner de l’armée et se présenter au suffrage universel », souligne-t-il.

Cependant, Nguema avait promis d’organiser des élections libres et transparentes. Foumangoye conclut que l’avenir nous en dira plus, car 2025 approche à grands pas. Le référendum prévu en fin d’année sera déterminant pour éclairer les Gabonais sur l’orientation prise par les autorités de la transition. Pour l’heure, Foumangoye exhorte à la patience : « Vox populi, Vox dei. Attendons sereinement. »

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