Au moins quinze civils, dont de nombreux enfants, ont été tués dimanche par des frappes de drone dans le nord du Mali, selon des sources concordantes, là où l’armée malienne et ses alliés russes avaient subi fin juillet une lourde défaite face aux séparatistes et jihadistes.
« L’armée de la junte malienne et les mercenaires russes du groupe Wagner ont exécuté plusieurs frappes de drone venu du Burkina Faso à Tinzaouatène, à quelques mètres du territoire algérien », affirment les séparatistes qui font état d’un bilan provisoire de 21 civils tués, dont 11 enfants, des dizaines de blessés et « des dégâts matériels énormes ».
« Celles-ci ont ciblé dans un premier temps une pharmacie, ensuite d’autres frappes ont suivi en visant des attroupements humains auprès des premiers dégâts », poursuit leur porte-parole, Mohamed Elmaouloud Ramadane, dans un communiqué.
Un élu local a dit qu’il y avait au moins 15 civils tués. « Rien que des civils tués », a-t-il précisé.
Selon un responsable d’une ONG locale, « au moins 20 civils dont des enfants ont été tués dimanche par des tirs de drone ». « On est sans nouvelles d’autres civils », a-t-il ajouté.
Un fonctionnaire à la retraite de la localité a aussi affirmé qu’il y avait au moins vingt morts.
C’est dans la même localité de Tinzaouatène que les séparatistes et les jihadistes ont affirmé avoir tué des dizaines de membres du groupe paramilitaire russe Wagner et de soldats maliens lors de combats entre le 25 et le 27 juillet.
L’armée malienne et le groupe Wagner ont reconnu des pertes importantes sans donner de bilan précis.
Cette défaite est l’une des plus lourdes subie en une bataille par le groupe Wagner en Afrique.
A « Tinzaouatène, on a perdu une bataille » mais « nous n’allons jamais perdre la guerre contre les terroristes », avait déclaré le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait « réaffirmé se tenir fermement » aux côtés de Bamako après ce lourd revers.
L’armée malienne avait répliqué les jours suivants par des frappes de drone sur la localité qui avaient déjà tué plusieurs civils, notamment des orpailleurs étrangers. Les séparatistes avaient parlé de « dizaines de morts majoritairement des Haoussas nigériens et des Tchadiens ».
L’armée malienne avait affirmé que cette « campagne aérienne » s’était faite « en coordination avec les Forces armées du Burkina Faso », « conformément à la solidarité entre les Etats membres » de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et « en application du mécanisme de défense collective et d’assistance mutuelle ».
La junte au Mali avait rompu en 2022 l’alliance ancienne avec la France et ses partenaires européens, pour se tourner militairement et politiquement vers Moscou.
Elle a fondé avec le Burkina Faso et le Niger, aussi dirigés par des militaires, l’Alliance des Etats du Sahel (AES), après avoir quitté en janvier la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Les groupes armés séparatistes ont perdu depuis 2023 le contrôle de plusieurs localités du nord, après une offensive de l’armée malienne qui a culminé par la prise de Kidal, bastion de la revendication indépendantiste et enjeu de souveraineté majeur pour l’Etat central.
L’offensive dans le nord du pays a donné lieu à de nombreuses allégations d’exactions commises à l’encontre de la population civile par les forces maliennes et leurs alliés russes depuis 2022, que les autorités maliennes démentent.
Samedi, les autorités maliennes ont décidé de suspendre la chaîne française d’information LCI pendant deux mois, en accusant un de ses consultants d’avoir proféré à l’antenne « des fausses accusations » contre l’armée malienne et ses alliés russes.