- Lors de sa première visite officielle dans un des pays de l’AES le Mali, le Premier ministre Ousmane Sonko a réaffirmé l’engagement du Sénégal à consolider les relations entretenues entre ces deux pays frères.
Dans cet entretien avec Dr Souleymane Anta Ndiaye, écrivain, spécialiste des relations Russie-Afrique nous parle du souverainisme et du panafricanisme, deux mots familiers dans le discours du duo Diomaye-Sonko. Il estime que les pays de l’AES ont bien fait de se retrouver dans une confédération pour des pays longtemps sous tutelle coloniale.
Ousmane Sonko au Mali, un renouement?
Le Sénégal et le Mali ont toujours constitué une entité historiquement soutient Dr Ndiaye qui rappelle la fédération du Mali qui n’a pas survécu. Les sanctions opérées par la Cédéao n’ont pas été ni du goût des maliens, ni des sénégalais. Ces deux pays frères ont souffert de cette situation.
Selon Souleymane Anta Ndiaye, ce déplacement du Premier ministre est de bonne augure pour l’actuel régime qui prône le souverainisme et le panafricanisme. Car dit-il cette visite va servir à rassurer les Maliens et les Sénégalais et les relations entre le Mali et le Sénégal vont se renforcer, dit notre analyste.
L’avenir de l’axe Dakar -Bamako
Beaucoup de choses vont se refaire à en croire à Souleymane Anta Ndiaye. D’abord la vision souverainiste, panafricaniste partagée entre les deux pays. L’analyste est d’avis que les questions de souveraineté sont très importantes pour les africains et que tant que nous n’arriverons pas à régler ces questions, le développement ne peut être envisagé.
M. Ndiaye estime qu’ actuellement le nouveau régime s’inscrit dans une ligne de rectificatif, de correctif par rapport à tout ce qui s’est passé avant. Le Sénégal veut affirmer son indépendance, son ancrage africain d’autant plus qu’il est une référence sur le continent par sa politique de bon voisinage. Par ailleurs, la primauté dans ses relations avec les pays africains est mise en avant, le nom du ministère des Affaires Étrangères muée en un ministère de l’intégration africaine l’illustre parfaitement.
AES, Sénégal avec Diomaye comme médiateur auprès de la Cédéao
Les décisions souveraines des Etats doivent être respectées selon l’écrivain sénégalais qui pense que c’était une erreur pour la Cédéao lors des coups d’État arrivés au Mali, Niger et au Burkina, de d’exercer un devoir qui lui incombe et qui consistait à sanctionner ces pays
L’absence de dispositions dans les textes de l’organisation ne lui conféraient pas le droit d’intervenir de la sorte, même c’était dans le dispositif législatif. Toutefois, M. Ndiaye pense qu’il y a les textes et l’esprit des textes et que c’était une erreur d’avoir agi ainsi.
Dr Souleymane explique par ailleurs que c’est en toute liberté que des citoyens déplorant une situation ont fini par changer de pouvoir par la force militaire. Et ils étaient dans leurs droits.
Le Sénégal va chercher à arrondir les angles parce qu’il accepte l’AES tel qu’affirmé par le premier ministre Ousmane Sonko.
Toujours pour Dr Ndiaye, le Sénégal dispose d’un atout en ce qu’il est un exemple en matière de démocratie parce qu’il n’a jamais connu de coup d’État. Il est respecté par ces trois pays qui ont soufferts sous la domination néo coloniale.
Le cas du Niger est là. Il fait partie des pays les plus pauvres au monde malgré qu’il soit un des premiers producteurs d’uranium. Donc la position du Sénégal comme facilitateur est bien perçu même s’il faut être sûr qu’il ne se mettra pas contre les décisions prises par l’alliance des Etats du Sahel.
Ces Etats tentent une confédération pour finir dans une fédération montrant que l’Afrique doit se réunir. Le spécialiste n’y va pas par quatre chemins, il soutient incontestablement l’existence des Etats du Sahel. L’arrivée de l’actuel régime va permettre de renforcer les relations entre le Mali et le Sénégal ajoute-t-il.
Transitions interminables dans les Etats de l’AES, des droits humains qui disparaissent, une démocratie piétinée .
Ces pays ont une tradition des coups d’états dit Dr Ndiaye. C’est par les coups d’État qu’ils veulent régler leurs problèmes. Et tout vient de la présence étouffante de la tutelle qui n’est autre que l’ancienne puissance coloniale. Donc ceci s’explique par une réaction à une situation, la solution se trouvant sur le fait que de jeunes militaires prennent le pouvoir pour remettre le pays dans l’ordre.
La transition prolongée est peut-être une stratégie mise en place. Il faut voir ce que les civils ont faits dans ces pays. Ils ont chapardé les richesses de ces pays en complicité avec l’ancienne tutelle coloniale.
Une possibilité de réintégration des pays de l’AES dans la CEDEAO?
Chaque pays a le droit de définir comment il envisage son développement. La Cédéao a été une organisation moribonde depuis le début, même s’il y a eu des acquis au niveau de l’intégration des échanges commerciaux. C’est un organisme qui répond aux desiderata de l’ancienne puissance coloniale.
Quid de la Russie qui a plein pied en Afrique
Le reproche fait à ces trois pays, c’est d’avoir quitté l’organisation mais on oublie que la Mauritanie est sortie de la CEDEAO quand elle a senti que ses intérêts étaient menacés.
C’est ce qui s’est passé pour l’AES.
Souleymane Anta Ndiaye estime qu’il y a une sorte de comeback de la Russie en Afrique.
Les russes représentent un danger pour les occidentaux.
Ce qui s’est passé aux Mali c’est l’appel des maliens à un groupement privé militaire face à un problème qu’eux n’arrivaient pas à régler. Même cas pour le Burkina et le Niger. Donc les français sont actuellement en mauvaise position du fait colonial, historique, néo colonial.
La diplomatie du Sénégal
Le Sénégal a une tradition diplomatique bien ancrée pour Dr Souleymane Anta Ndiaye.
L’actuel président Bassirou Faye fait de la diplomatie de proximité que l’analyste qualifie de diplomatie de bon voisinage. Une diplomatie du temps et de l’espace.
La souveraineté du Sénégal l’oblige à entretenir les meilleures relations possibles avec tous les pays du monde.
Il avance que le Sénégal devrait d’ailleurs se rapprocher davantage de la Russie pas pour dépendre d’elle mais pour profiter le maximum possible des opportunités que ce pays offre.