En Guinée, les partis politiques, membres de l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie, exigent l’introduction, dans le projet de nouvelle Constitution, des dispositions de la charte de la transition qui interdisent aux membres de la junte et de son gouvernement d’être candidat à la prochaine élection présidentielle.
Un bras de fer en gestation
Dans un communiqué largement diffusé par les médias, les partis politiques proches de l’opposant Cellou Dalein Diallo exigent que les articles 46, 55 et 65 de la charte de la transition, relatifs à la non-candidature des responsables de la transition, conformément aux engagements pris par la junte au pouvoir, ressortent clairement dans l’avant-projet de nouvelle Constitution.
L’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie, l’ANAD, estime que cette interdiction est un principe fondamental destiné à garantir l’impartialité et l’intégrité du processus électoral de sortie de la transition militaire.
Pour sa part, Mohamed Barry, responsable de la communication et de l’information du Conseil national de la transition, l’organe législatif non élu qui a remplacé l’Assemblée nationale rétorque que » Ce n’est pas une révélation divine, c’est un travail fait par des hommes. Donc, si les êtres humains critiquent le travail fait par des êtres humains, c’est tout à fait normal. Mais ce qui serait mieux, puisque la Constitution va s’appliquer à toute la Guinée, au lieu de se mettre en marge, il faut plutôt rejoindre le navire pour que vos exigences et vos avis soient pris en compte », dit-il.
Réaction de l’opposition
L’opposition extra parlementaire estime, elle, que même avec l’entrée en vigueur d’une nouvelle Constitution et l’abrogation de la charte de la transition, les dispositions qui empêchent les membres de la junte de se présenter aux élections doivent rester en vigueur.
Pour Mognouma Cissé, journaliste et analyste politique guinéen, cette déclaration de la coalition de l’opposition est une mise en garde légitime. Mais il doute qu’elle parviendra à faire reculer les militaires.
« Avec tout ce qui se passe, peut-être que c’est une mise en garde qui est normale et légitime. Il reste toutefois à voir s’ils parviendront à leur fin… Je ne le crois pas, parce qu’avec tout ce qui se passe à l’intérieur du pays, tout semble prédisposé à une éventuelle candidature de Mamadi Doumbouya », explique le journaliste.
Selon l’ANAD, l’omission des dispositions qui empêchent les militaires à se présenter aux élections violerait l’article 25 alinéa 4 de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance.
Enlèvements des activistes de la société civile
La présentation de l’avant-projet de nouvelle Constitution a coïncidé avec l’arrestation récente de deux activistes du Front national pour la défense de la Constitution.
Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah ont été enlevés, il y a plus d’un mois, par des militaires. Malgré la pression de la société civile et de certaines ONG internationales, le pouvoir militaire continue d’affirmer qu’il ignore où se trouvent les deux activistes du FNDC.
BB