La crise soudanaise, qui déchire le pays depuis avril 2023, a une nouvelle fois attiré l’attention internationale alors que des discussions de cessez-le-feu ont débuté en Suisse. Conduites sous l’impulsion de Washington, ces négociations visent à trouver une issue pacifique au conflit qui oppose l’armée soudanaise, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan, aux Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire sous la direction de l’ex-adjoint du général, Mohammed Hamdane Daglo.
Le message de Washington est clair : il faut des « résultats tangibles ». C’est ce qu’a affirmé Tom Perriello, l’envoyé spécial américain pour le Soudan, dans une déclaration sur le réseau social X, insistant sur l’urgence de sauver des vies et de garantir des progrès concrets dans les discussions. Cependant, l’armée soudanaise, pierre angulaire des pourparlers, continue de bouder les négociations, refusant de s’asseoir à la table des discussions.
Un rejet catégorique de l’armée soudanaise
Depuis le début des pourparlers en Suisse, l’armée soudanaise a maintenu sa position de refus. Le ministre des Finances, Gibril Ibrahim, a réitéré la position intransigeante du gouvernement soudanais : « Nous n’accepterons pas une médiation imposée par la force ». Le gouvernement soudanais dénonce notamment la participation des Émirats arabes unis aux discussions, accusant ce pays de soutenir les FSR, bien que ces allégations aient été démenties par Abou Dhabi.
Cette méfiance, doublée d’une méfiance plus large envers une « médiation imposée », entrave les efforts de paix. Washington, de son côté, insiste sur l’importance de l’implication de l’armée dans le processus de négociation. « Il est de la responsabilité de l’armée d’être présente, et nous continuerons à le souligner », a déclaré Vedant Patel, porte-parole du département d’État américain.
Des précédents échecs, un nouvel espoir ?
Les tentatives antérieures de résolution du conflit, notamment à Jeddah, en Arabie Saoudite, se sont soldées par des échecs. Cependant, les États-Unis, épaulés par la Suisse et l’Arabie Saoudite, ont invité à nouveau les belligérants à s’engager dans des pourparlers visant à établir un cessez-le-feu durable. Ces discussions se déroulent dans un lieu tenu secret pour des raisons de sécurité, avec l’Arabie Saoudite, la Suisse, l’Union africaine, l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’ONU jouant un rôle d’observateurs.
L’objectif principal de ces pourparlers est triple : instaurer un cessez-le-feu, élargir l’accès humanitaire dans les zones affectées par le conflit et mettre en place un mécanisme de contrôle pour garantir le respect des éventuels accords. Toutefois, les divisions internes, exacerbées par la méfiance à l’égard des acteurs régionaux et internationaux, compliquent les efforts.
Un pays au bord du gouffre
Pendant que les leaders discutent, la situation sur le terrain continue de se détériorer. Le conflit a déjà coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes et a plongé le pays au bord de la famine, selon les Nations Unies. Les civils sont pris en étau entre les forces gouvernementales et les FSR, tandis que l’insécurité croissante freine l’acheminement de l’aide humanitaire indispensable.
Les prochaines étapes des pourparlers, qui devraient s’étaler sur dix jours, seront cruciales pour déterminer si le Soudan pourra éviter de sombrer davantage dans le chaos. Pour Washington et ses partenaires, l’enjeu est de taille : mettre fin à un conflit qui non seulement ravage le Soudan, mais menace aussi la stabilité de toute la région.
Un futur incertain
Alors que les négociations se poursuivent, la question qui reste en suspens est de savoir si l’armée soudanaise acceptera de faire un pas vers la paix. Pour le moment, la situation semble figée dans une impasse, avec un gouvernement résistant à toute pression externe et une communauté internationale de plus en plus inquiète face à l’aggravation de la crise humanitaire.
Dans ce contexte, les prochains jours de pourparlers en Suisse seront décisifs. Washington espère que, malgré les tensions, des avancées concrètes pourront être réalisées, permettant ainsi au Soudan de prendre un nouveau départ vers la paix et la stabilité.